11 novembre 2008

Rentrée littéraire, suite

Quelques mots de 3 livres dont la critique a beaucoup parlé.

Polichinelle est le premier roman, encensé, de Pierrick Bailly. Si vous en avez assez des problèmes des jeunes de banlieue, voici ceux des jeunes ruraux, tout aussi désoeuvrés et sans repères, au fin fond du Jura. Le propos est intéressant, mais à quoi sert d’épouser le chaos des personnages par une écriture chaotique si au final l’exercice tourne au pensum pour le lecteur. C’est quasiment illisible, et c’est dommage, car je pense qu’il y a un bon bouquin en filigranes.

Ian Mc Ewan livre avec La Plage de Chesil le court récit d’une nuit de noces qui tourne au cataclysme, dans les années 60. Le couple ne se remettra pas de ce fiasco, malgré l’amour qui les unissait. La grande habileté du livre, après avoir présenté les points de vue alternés de l’homme et de la femme tout au long de cette funeste nuit, est de faire défiler ensuite, en quelques pages, toute la vie d’un seul des deux personnages, éclairée par cet évènement initiatique en quelque sorte. On n’est pas dans l’ampleur narrative habituelle de l’auteur, mais quelle cruauté et quelle profondeur...

Jean-Louis Fournier, enfin, avec Où on va papa. Tout le monde a entendu parler de ce livre. Cet ami de Desproges y raconte ses deux fils handicapés, avec humour, autoridérision et beaucoup de tristesse. Le commentaire est vraiment difficile, car il affadira forcément le message du roman. On rit et on pleure, c’est magnifique. Lisez le.
Isa

03 novembre 2008

"Le crime est notre affaire" de Pascal THOMAS


Voilà un film français très drôle sans être vulgaire (si! si! c'est possible!) et qui nous éloigne enfin des biogra-films du moment qui commencent à devenir lassants.


Que faire quand on s'ennuie à la retraite et qu'on veut échapper aux fêtes de Noêl et aux petits-enfants turbulents? Résoudre un crime pardi. Et voilà Catherine Frot en raquettes et André Dussolier en kilt aux prises avec une famille et un lieu dignes de la Famille Addams. Ce crime c'est Annie Cordy (oui oui la chanteuse...) ici entomologiste convaincue, qui en est le témoin et qui va lancer les Beresford sur la piste. Les gags sont nombreux et fins, les dialogues savoureux et les acteurs tous très bons: de Claude Rich en vieil avare à Melvin Poupaud toujours aussi jeune en passant par Chiara Mastroianni et Hyppolyte Girardot. Pascal Thomas nous régale avec son ton bien à lui qui nous plaît depuis les Zozos et ce film, à nouveau librement inspiré d'un roman d'Agatha Christie, mine de rien continue d'explorer et d'illustrer des thèmes récurrents tels la famille, le couple ...et les joies de la retraite!!

En ce moment la nuit tombe tôt, le temps se couvre, profitez-en allez voir ce film et l'automne vous paraîtra moins sombre.


Anne

01 novembre 2008

"Parlez moi de la pluie" d'Agnès JAOUI


Un nouveau Bacrijaoui ! Chic chic... On s'y précipite, même si ce qu'on en a lu ou vu nous enthousiasme moins que d'habitude. Et à l'arrivée, on est un peu déçus. L'impression que le scénario est moins "béton" que d'habitude, que Jamel, que j'aime beaucoup ce n'est pas le problème, emmène le film ailleurs avec un personnage pas très bien dessiné, qu'Agnès Jaoui incarne de nouveau une femme-intelligente-et-indépendante-mais-seule. .. Le propos n'est pas clair. Jaouibacri prétendent traiter de l'humiliation. Certes, mais c'est le sujet de pratiquement tous leurs films et celui-ci n'apporte pas grand chose sur ce thème. Trois personnages (et acteurs)s'en sortent à mon avis : Bacri, comme toujours, épatant en loser moins acrimonieux que d'habitude, la soeur d'Agnès Jaoui (je ne me souviens plus des noms des personnages désolée) et la mère de Jamel, qui est la seule à incarner une nouvelle figure de l'humiliation dans leur filmographie.
A voir quand même, il y a quelques scènes très drôles.

Isa

"L'Ultime question" de Juli ZEH


Moi qui suis une indécrottable littéraire, j'ai dévoré ce roman qui traite de... physique quantique (j'en vois déjà qui rigolent...). Mais si les précisions scientifiques abondent, c'est pour mieux enrichir un propos philosophique passionnant.
Les personnages principaux sont Sebastian et Oskar, deux physiciens de renom. Ils sont liés par une amitié forte (et quelque peu ambiguë), née pendant leurs études. Sebastian s'est marié avec Maike et ils ont eu un petit garçon, Liam. Oskar, resté célibataire, vient dîner tous les vendredis soirs chez le couple. Et ce vendredi là, le repas tourne à l'affrontement. A l'occasion d'un faits divers où l'assassin prétend venir du futur, où ses victimes sont bien en vie, les deux amis défendent chacun leur position. Si Sebastian est séduit par la théorie des mondes multiples ou parallèles, Oskar, lui, est le tenant de la linéarité du temps et de l'unicité de l'univers. Oskar, pour clore le débat, propose à Sebastian de l'affronter sur ce sujet dans une émission télévisée le lendemain... Le dimanche, la vie de Sebastian va basculer de la plus étrange des façons. Alors qu'il emmène son fils Liam en colonie de vacances, celui-ci disparaît. Et on l'appelle pour lui ordonner de commettre un meurtre...

La théorie des mondes parallèles ou multiples nourrit la science fiction depuis son origine, Juli Zeh, elle, s'empare d'une toute autre manière et c'est à un thriller haletant qu'elle nous invite. Les descriptions de Fribourg, quelques scènes choc comme celle du meurtre, pas de doute, Juli Zeh est bien la valueu montante de la littérature allemande. Lisez également L'Aigle et l'ange, et la Fille sans qualités, ils sont remarquables.

Isa

"Les monstres de Templeton" de Lauren GROFF


Premier roman d'une jeune américaine, Les Monstres de Templeton est la chronique sur 200 ans d'une petite ville de l'Etat de New York, Templeton.
L'héroïne, Willie, revient dans sa ville natale en proie à un profond désarrroi : elle est enceinte de son directeur de thèse (elle est étudiante en archéologie) et vient chercher du réconfort auprès de sa mère, Vivienne. Celle-ci est une ancienne hippie fraîchement convertie à l'église baptiste. Elles sont les deux dernières descendantes du fondateur de la ville et ont de ce fait un statut un peu particulier à Templeton, tout le monde les connaît.

Vivienne accueille sa fille avec une révélation coup de poing. Non Willie n'est pas née de ses amours libres lorsqu'elle vivait à San Francisco, en fait son père vit à Templeton. Vivienne ne révèle pas à Willie l'identité de son géniteur, elle lui donne juste un indice : comme elles deux, cet homme descend lui aussi du fondateur de la ville. Willie va se lancer dans une enquête sur l'histoire de sa famille. Remontant avec application tout l'arbre généalogique, retrouvant lettres secrètes, fouillant journaux et gazettes, interviewant des érudits locaux (dont une vieille bibliothécaires pas piquée des hannetons...), Willie va retrouver la trace de son père...

Tout au long de l'enquête, l'auteur va convoquer les voix des personnages aux différentes époques, et c'est là tout l'intérêt du roman. Un véritable tour de force, qui parfois donne le tournis, car on remonte jusqu'au XVIIIème siècle : Marmaduke Temple, le fondateur, sa nombreuse descendance, légitime et illégitime, mais aussi indiens, esclaves... on plonge avec bonheur dans l'histoire de la petite ville, qui est en fait l'histoire de toute l'Amérique. Ajoutez à cela un soupçon de fantastique, très léger, avec ce monstre légendaire du lac de Templeton, qui remonte mort à la surface, le jour du retour de Willie. Symbole des secrets qui vont se révéler à l'héroïne...

Un conseil, lisez ce livre sans trop d'interruptions, car vous risqueriez de vous perdre dans les méandres d'une histoire familiale compliquée. Et ce serait dommage...

Isa
Trop beau, trop dense, trop magnifique, trop prenant, trop fort ! Mon enthousiasme est débordant. Comment ça, un premier roman ?! Il y a des gens qui atteignent la perfection, comme ça, du premier coup, avec une (apparente ?) facilité déconcertante, et qui se promènent en littérature comme moi je me balade au parc, le nez en l'air et les mains dans lespoches ... J'en suis rêveuse... Une auteur est née. Un roman a surgi. Roman à tiroirs -et à tiroirs secrets - où, cachée sous le papier journal qui recouvre le fonds des tiroirs, git une merveilleuse histoire, un conte fabuleux, une fable qui fait écarquiller les yeux et rester bouche bée : même que j'hésite à le rendre à la médiathèque ! "Ce qui a dévoré nos coeurs" de Louise Erdrich avait suscité chez moi le même enthousiasme, et je l'ai prêté à tour de bras pour partager ce bonheur. Il ne me reste plus qu'à acheter le livre de Lauren Groff pour faire de même : il y a d'ailleurs de nombreuses similitudes entre les 2 romans, une aura et une respiration similaires (et encore davantage ...) ...
Laurence