02 novembre 2012

"Le Grand soir" de Gustave KERVERN et Benoît DELEPINE

Unique décor (ou presque) : une zone commerciale, filmée comme les grands espaces d'un western, avec grand angle et prises de vue sophistiquées. Benoît Poelvoorde, alias Not, est "le plus vieux punk à chien d'Europe, et c'est pas facile". Il arpente la zone car ses parents y tiennent la "Pataterie" locale. Son frère  travaille quant à lui dans un magasin de matelas. Il n'a que mépris pour son frère marginal, mais sa vie si bien réglée va basculer dès lors qu'il perd son boulot. D'un coup, le punk paraît bien inoffensif à côté  du cadre moyen qui pète les plombs... 
Dupontel en fait des tonnes et ça marche. Mais on n'a d'yeux que pour Poelvoorde, qu'on a l'impression d'avoir croisé plein de fois et qui fait un travail en profondeur et sans esbrouffe facile sur un archétype et une figure de notre société, le marginal (avec chien, mention spéciale à l'adorable jack russel qui vaut bien Uggie). Les scènes s'enchaînent, drôles et cruelles, soignées et poétiques, décalées et hyperréalistes. 
De ces deux réalisateurs, j'ai préféré "Mammuth", "Le Grand soir" est parfois un peu longuet, mais assène avec force et cohérence les désillusions qu'engendre sur les hommes une société marchandisée et formatée .
IsaH