22 avril 2007

"Contre enquête" de Franck MANCUSO



Film bouleversant avec un duo – duel d’acteurs superbe : Laurent Lucas confirme sa virtuosité à interpréter ses rôles déroutants, machiavéliques et Jean Dujardin nous montre, avec brio, son côté sombre.
L’histoire tragique, et pourtant trop souvent vue dans la rubrique faits divers est poignante et vous poursuit même une fois sortis de la salle.
Comment un père, policier qui plus est, peut-il réagir à l’assassinat de sa fille ?
Suspense haletant, fin inattendue, scénario rempli d’émotion sans jamais en faire trop…
Thriller français à découvrir !!
Charlotte

"Winkie" de Clifford CHASE



Qui n’a jamais rêvé que son ours d’enfance se mette à parler ?
C’est ce rêve impossible que Clifford Chase réalise au travers de ce premier roman. Cependant, loin des clichés sur un petit ours vivant, il dresse un vif procès à la justice américaine. Winkie ou comment une société aveuglée accuse un petit ours en peluche des pires crimes !
Idée déroutante à première vue mais Clifford Chase signe ici un roman original , du jamais vu !
Alternant les souvenirs d’une vie d’ours aux côtés des enfants remplie de tendresse et les phases d’un procès où tout est joué d’avance, l’auteur nous entraîne dans un périple haletant, cynique, loufoque et passionnant .
Roman surprenant mais à découvrir !!
Une question insoutenable subsiste : mon ours en peluche est-il vivant ?
Charlotte

13 avril 2007

"Fracas" de Pascale KRAMER


La villa californienne des parents de la narratrice, Valérie, vient de subir de graves intempéries, comme toute la région avoisinante. Un énorme rocher a fini sa course en surplomb de la terrasse et menace directement la baie vitrée du salon. Valérie arrive en week end pour donner un coup de main à ses parents. Le matin qui suit son arrivée, la famille apprend que la nounou des enfants du frère de Valérie a été renversée par une voiture et qu’elle est dans un état grave à l’hôpital. Du coup Cyril, bien que brouillé avec sa mère, débarque avec sa femme et les trois enfants. Entre le rocher qui menace, les nouvelles alarmantes de Cindy, l’étrange attitude du père et de la mère, les provocations du frère, la journée ne se présente pas sous les meilleurs auspices.
De tous les dangers qui menacent cette famille, le rocher n’est pas le plus grave, des séismes plus intimes empoisonnent leurs relations. Tous ces non dits planent au dessus de leur tête, plus sûrement que le rocher. Et si chacun y va de son scénario pour se débarrasser de celui-ci (le faire exploser, l’étayer), ils sont moins enclins à résoudre leurs problèmes relationnels. Le père, agréable et lisse, que rien ne semble atteindre, la mère, maniaque du ménage et maîtresse femme de la maison, tous deux sont incapables de réelle tendresse entre eux et envers les autres. Cyril est également opaque, que cache réellement son cynisme ?
Pascale Kramer réussit à faire peser un climat de danger, de menace, dans le récit de cette journée particulière. un peu comme Patricia Highsmith. Jusqu’à un final en deux temps, que j’ai trouvé plutôt réussi.
C’est un livre que j’ai bien aimé, même si je n’accroche pas avec l’écriture de Pascale Kramer. Il n’y a par exemple aucun dialogue, tout est retranscrit en style indirect, ce qui donne une certaine lourdeur à l’ensemble. Et il y a ça et là des facilités de roman de gare (je pense aux descriptions physiques du personnage de Lucie, la fille aînée de Cyril, une lolita fort attachante par ailleurs parce qu’elle prend de plein fouet les histoires des adultes).
Pour autant on se plonge avec plaisir dans "Fracas". Bien que bref, le récit a de l’épaisseur, comme les personnages. On l’imagine très bien en film, réalisé peut-être par François Ozon.
Isabelle

"La Femme de hasard" de Jonathan COE


Pour l'inconditionnelle de Jonathan Coe que je suis, la sortie (en poche) de son premier roman, jusqu'alors inédit en France, avait de quoi me réjouir. Je me suis donc jetée dessus...
On suit le destin sinistre de l’héroïne, Maria, depuis ses années d'université jusqu'à ses 30 ans bien sonnés. Maria n’est pas une héroïne très « glamour ». Indifférente à (presque) tout, solitaire et parfois revêche, rien dans la vie ne l’enthousiasme. Promise à un avenir assez brillant, parce qu'intelligente et douée pour les études, Maria va pourtant laisser filer sa vie. Et c’est ce lent naufrage, pas très spectaculaire, mais bien réel, qui va nous être raconté. Alors comme c’est Jonathan Coe qui est aux commandes, tout cela est enrobé de beaucoup d’humour. La galerie de personnages que la pauvre Maria côtoie tout au long de sa vie est déprimante de son point de vue, mais souvent amusante pour le lecteur : Ronny l'amoureux transi qui la demande en mariage tous les jours pendant une décennie, ses diverses et successives colocataires toutes plus frappées les unes que les autres, le mari qu'elle finira par épouser "par hasard" et qui se révèlera être le plus grand désastre de sa vie. Même la compagnie de la douce Sarah, sa seule vraie amie, déclenche chez Maria autant de bonheur que d’ennui. Il n'y a que Stephen, le possible amour de sa vie, qui aura su émouvoir notre héroïne. Et le chat Stefton (notez le "cousinage" des prénoms), compagnon de son enfance. Ceux qui aiment les chats se régaleront des quelques pages consacrées à ce personnage à quatre pattes, le seul confident digne de confiance pour Maria...
En fait c’est la lucidité implacable de Maria qui la paralyse, la rend passive et lui fait rater sa vie. Mais Maria a aussi les qualités de ses défauts : elle est intelligente, on l’a dit, mais aussi constante, franche et elle ne trahit jamais. Alors au fil des pages, cette femme « en creux » se hisse à cent coudées au dessus de ses contemporains, dont l’optimisme béat confine à l’inconscience et n’empêche nullement l’égoïsme. C’est cette confrontation qui fait toute la valeur du livre. Maria est égarée dans une société qui ne peut pas apprécier ses qualités et toujours la renvoie dans les cordes, parce qu’elle ne joue pas le jeu.
Certes moins abouti que ses romans suivants, cette œuvre de jeunesse de Jonathan Coe vaut d'être lue. Je ne vous cache pas une pointe de déception, j'en attendais beaucoup ! Mais n’oublions pas que c’est son premier roman...

Isabelle