25 janvier 2006

"J'apprends" de Brigitte GIRAUD


« J’apprends » est le monologue intérieur de Nadia que l’on va suivre depuis son entrée au CP jusqu’au collège. Elle nous décrit sa vie quotidienne en banlieue. On devine son histoire qui se dessine sur fond de guerre d’Algérie à une époque où le sujet est tabou aussi bien à la maison qu’à l’école. Dans sa famille il y a les non-dits et les vides de son passé ; on répond ‘’tu comprendras plus tard’’ à ses questions difficiles.
Pour cette fillette très studieuse le monde de l’école est rassurant par ses affirmations, ses règles et ses préceptes. Ces années d’apprentissage nous plongent dans un monde de papier crépon, de feutrine, de colle à papier, de crayons bien taillés, de peinture à l’eau…. L’auteur s’arrête sur des détails apparemment très simples comme la concentration nécessaire à cette petite fille qui apprend à écrire pour allonger la boucle du F ; à sa fascination pour l’énumération des curiosités de la fin de l’alphabet WXYZ. Plus loin dans les classes primaires, elle nous remémore les tables de multiplication imprimées au dos des cahiers avec la table du 5, la plus facile, celle que l’on connaît tout de suite par cœur.Ce roman, c’est aussi un descriptif des années 70 : les débuts de la TV, les émissions du samedi soir, le suicide de Mike Brant, Salut les copains…
J’ai été très touchée par ce récit ; sans doute parce qu’il correspond à peu de choses près à la description des années 70 dans lesquelles j’ai grandi et qu’il m’a permis de remonter très loin dans ma mémoire d’écolière. Mais, génération 70 ou pas, ce livre décrit de manière atemporelle une personnalité en construction avec une minutie et une justesse rares.A mon avis sa force c’est de nous plonger littéralement et sans mièvrerie dans le monde de l’enfance et de l’adolescence.
MO

16 janvier 2006

"Un instant d'abandon" de Philippe BESSON


Thomas revient dans son village, un petit port de pêcheurs en Angleterre, après des années d'absence. On comprend vite qu'il était en prison, que personne ne l'attend, bien au contraire, et que c'est la mort d'un enfant qui est à l'origine de tout...
En refermant ce livre, je me suis dit "Voilà un livre qui aurait dû m'enthousiasmer, et ce n'est pas le cas". Tout ce qui me plaît en littérature est pourtant là : une histoire forte, avec ce qu'il faut de secrets habilement et progressivement dévoilés autour de la mort du fils de Thomas ; un récit structuré en 4 parties, éclairé par 4 personnages différents ; une grande sensibilité et une réflexion aboutie sur l'identité, le rapport aux autres, le destin choisi ou subi. Mais est-ce le souci de l'auteur de vouloir expliquer tout, de souligner les subtilités des rapports entre les personnages, est-ce le fait que 2 personnages, Betty et Rajiv, à qui il raconte toute l'affaire, ne font que passer, et qu'on aurait aimé passer plus de temps avec eux ? Quelque chose n'a pas fonctionné pour moi, mais je vous recommande toutefois la lecture de ce roman qui m'a fait un peu penser à Un secret de Philippe Grimbert (en moins bien, vous l'aurez compris...)
Paru chez Julliard en août 2005

Isabelle

05 janvier 2006

"Falaises" d'Olivier ADAM


Une nuit, face à la falaise d'Etretat, un homme de 31 ans revient sur sa vie passée déchirée et meurtrie par le suicide de sa mère, la violence de son père, l'absence de son frère, les années difficiles passées à Paris...et se pose une question: comment ai je survécu à tout cela?
Olivier Adam livre ici un roman difficile et éprouvant... On ne peut que penser à une autobiographie tellement les sentiments semblent forts et vrais... Tout se mêle : amour et violence ; vie et mort ; calme et passion... Un roman dont on ne peut pas sortir indemne...
A découvrir même si parfois le lecteur peut avoir du mal à entrer dans ce livre et à s'identifier, tellement les sentiments semblent extrêmes.
Charlotte

04 janvier 2006

"Les Jouets vivants" de Jean-Yves CENDREY


Vous vous souvenez peut-être de cette affaire de pédophilie, en 2001, mettant en cause un instituteur de CP dans un village normand. Il « oeuvrait »depuis des années dans un silence coupable : hiérarchie, entourage, familles… Jusqu’à ce qu'un écrivain nouvellement installé dans le village avec sa femme et ses deux enfants, Jean-Yves Cendrey, prenne le taureau par les cornes et ne fasse éclater l’affaire. Au terme d'une enquête personnelle accomplie dans la rage, Cendrey ira lui-même chercher l’instituteur un matin, devant l’école, pour l’emmener à la police. Audace payante pour l'un, sentiment hallucinant d’impunité pour l'autre : l’instituteur le suivra sans résistance. Le procès verra l’enseignant condamné, mais Jean-Yves Cendrey obligé de déménager, certains n’ayant pas pardonné l’intrusion d’un étranger dans les affaires du village.
Le livre est tout sauf un témoignage au sens télévisuel ou « Fixot » du terme. C’est un véritable objet littéraire, qui s’ouvre par une « lettre au père » (Cendrey a été un enfant maltraité) d’une grande virtuosité et d’une grande émotion. Il relate ensuite dans le détail les différentes étapes de l’affaire, en introduisant la distance nécessaire par un artifice littéraire que je vous laisse découvrir, écrivant ainsi la chronique d’un village ordinaire, de ses mesquineries et de ses peurs. Un livre dérangeant mais sans complaisance sur un sujet délicat.