31 mars 2012

Kaameloot, série d'Alexandre ASTIER

Qui a dit que les français étaient nuls en série télé ? Moi... exception faite d'Alexandre Astier et son génial Kaamelott. Dans mon entourage, peu de personnes l'ont vu, ce qui m'étonne. Mais peut-être est-ce la diffusion sur M6 (chaîne culturellement peu correcte !) qui a dévalorisé cette série pourtant tellement aboutie, et tellement drôle.
Sur 6 saisons (la dernière est un préquelle magistral), on suit la vie quotidienne du roi Arthur et de ses chevaliers, à la recherche du Saint Graal... Ca vous rappelle quelque chose ? Eh oui les Monty Python ne sont pas loin, même si le ressort humoristique n'est pas le même. 
Là où les anglais misaient sur l'absurde, le français joue à fond la carte de l'anachronisme.
Dans le registre de langage : la moitié des personnages s'expriment dans une langue châtiée qu'on attribuerait naturellement aux chevaliers de la table ronde, l'autre moitié parle en Audiard dans le texte, et certains, comme Perceval, Karadoc ou Yvain se battent avec le vocabulaire (et ne gagnent jamais...).
Anachronisme des situations : les réunions de la table ronde font furieusement penser au monde du travail d'aujourd'hui, Arthur est un roi/ manager entouré de chevaliers/collaborateurs bien typés : un adjoint efficace mais arrogant et peut-être fourbe (Lancelot), des braves gars pas doués mais pleins de bonne volonté (Perceval en tête, sans doute le meilleur personnage de la série, et l'ineffable Merlin, qui ne réussit jamais aucun de ses sorts...), des opposants frontaux qui veulent lui piquer sa place (Léodagan, le beau-père) etc...
Dans cet épisode Arthur doit résoudre un conflit (récurrent) entre son beau-père Léodagan et le chevalier Bohort, qui veulent organiser deux bals le même jour, la scène d'ouverture montre la "bonne ambiance" avec sa belle-mère, dame Séli... http://www.kaamelott.info/livre-3/58-les-festivites.html
C'est Alexandre Astier lui-même qui joue Arthur, personnage complexe qui au fil des saisons évolue du pur comique (il rend un hommage appuyé à Louis de Funés) à des aspects plus sombres et plus humains (le manque d'enfant). Sa femme, Guenièvre, à qui il est marié pour l'intérêt de l'union des clans, est une gourde (géniale Anne Girouard) et leur mariage n'est pas consommé, car Arthur fait un blocage sexuel... Or le royaume a besoin d'un héritier et Arthur rêve d'un fils à aimer.
Kaamelott fait partie de ces séries qu'on peut revoir à l'infini, tant il y a de  lectures possibles, sociales je l'ai dit, mais aussi politiques (Arthur est un roi progressiste qui protège les paysans), religieuses (l'émergence de la chrétienté et du dieu unique n'a pas éliminé tout à fait les anciennes croyances), les parallèles avec notre monde contemporain foisonnent. Si la légende arthurienne est quelque peu malmenée par le scénario, on sent quand même qu'Aster maîtrise et respecte son sujet, pour preuve les DVD bonus  très intéressants et très documentés sur l'épopée d'Arthur.
Mais avant toute chose, et pas besoin de se réfugier derrière un quelconque message ou alibi culturel, Kaamelott est extrêmement drôle, efficace comme les meilleures sitcoms américaines, une phrase/un rire, et basé

11 mars 2012

Claustria de Régis JAUFFRET

Je l'avoue, je n'avais jamais lu Régis Jauffret. Pas par méconnaissance mais parce que c'est comme ça, il y a des auteurs qu'on n'arrive pas à se décider à lire. Est-ce un penchant malsain pour le fait divers qui m'a poussé à ouvrir "Claustria" ? Oui sans doute et aussi parce que le traitement d'évènements réels par la fiction m'intéresse et a produit des chefs d'oeuvre tant en littérature qu'au cinéma (Gus van Sant avec "Elephant", Emmanuel Carrère et Nicole Garcia avec "L'Adversaire"...).
Donc on plonge avec Régis Jauffret dans une abominable histoire qui a fait le tour du monde, celle de ce père autrichien qui a séquestré sa fille pendant 20 ans dans la cave de sa maison et lui a fait enfant sur enfant... Les points de vue du récit sont divers : Régis Jauffret lui-même enquêtant sur l'affaire, les protagonistes, dans une chronologie éclatée qui ménage de longs tunnels (si j'ose dire) de narration classique sur les années d'enfermement de la jeune fille/femme. Jauffret donne son interprétation de la monstruosité du père, c'est à peine croyable, et c'est totalement crédible. Un roman étouffant et rempli de questions, qui n'élude aucun détail sordide mais ne s'en repaît pas. Une vraie réussite sur laquelle il est difficile de mettre des mots.
IsaH

Chronicle de Josh TRANK

Les super-héros type Marvel vous ennuient ? En voilà d'un nouveau genre. Chronicle, petite série B très réussie, commence comme un teen movie et finit comme un blockbuster classique. Andrew est un adolescent perturbé par la maladie de sa mère, et la violence de son père. Il achète une caméra pour filmer son quotidien. Avec deux copains de lycée, Steve et Matt, ils se retrouvent dotés de super pouvoirs à la suite d'une exposition à une mystérieuse substance (dont on ne saura rien, ce n'est pas le sujet du film). Télékinésie, insensibilité à la douleur, capacité à voler... ils commencent par s'en servir pour faire des blagues.  Puis ils se demandent quand même s'ils ne pourraient pas utiliser ces pouvoirs pour autre chose... C'est alors qu'Andrew va commettre l'irréparable et basculer "du mauvais côté de la force". Matt et Steve vont tenter, amicalement et loyalement, de contrer une dérive qui s'accentue de jour en jour... Filmé totalement en caméra subjective, celle d'Andrew, les soubresauts un peu pénibles du début se fondent en d'amples mouvements de caméra lorsqu'Andrew arrive à la faire bouger dans les airs, une idée astucieuse.  On s'attache aux trois héros, tous très différents. Andrew nous serre le coeur de bout en bout en adolescent malmené par la vie, cela ne finit pas bien (encore moins que vous pouvez l'imaginer), bref, le réalisateur arrive à revisiter les enjeux classiques de l'affrontement entre le bien et le mal, à travers le personnage d'Andrew, plein d'une colère légitime mais destructrice.
IsaH

Si ce livre pouvait me rapprocher de toi de Jean-Paul DUBOIS

Je connaissais « La vie française » de Dubois mais ce livre-là était passé à la trappe. Présenté comme un roman, ce livre est indéniablement une autobiographie.
Un écrivain qui a écrit… kg de livres s’interroge sur sa vie, sur l’échec de son couple, se demande ce qu’il apporte au monde (ma question préférée, mon tourment permanent !!) et finalement se dit que pour se comprendre soi-même, il faut comprendre d’où l’on vient. Il entreprend alors un voyage au Canada, pour découvrir les lieux du drame, voir le lac dans lequel son père s’est noyé.
Véritable voyage initiatique qui permettra à l’homme de connaître sa famille, de découvrir ses limites et sa force, tout en croisant la route de personnages tantôt chaleureux et aimants tantôt barbares et inhumains.
Le style de Jean Paul Dubois est fluide, ses descriptions sont courtes mais suffisantes : on tremble quand il a froid, on voit presque défiler sous nos yeux les forêts canadiennes et ses grands lacs. Le ressenti est un peu le même que pour Les chaussures italiennes où les descriptions nous permettent de nous plonger dans ces univers, froid et humide !
Le début du roman correspond davantage à mes styles de lecture que la fin mais je dois avouer que j’ai aimé ce voyage au Canada, ces grands espaces.
Finalement, je crois que j’aime ces livres où l’homme est face à la nature (l’année dernière, j’avais beaucoup aimé « Dans les forêts de Sibérie»), sans doute parce que confronté à la solitude, à la survie, l’homme est en réalité face à sa nature profonde, ressent les émotions à vif… Je vais peut-être partir m’exiler quelque temps seule au fin fond de la nature (ne riez pas ceux qui me connaissent !!!… En fait j’en serais incapable !)
Un moment de lecture savoureux et entraînant.
Charlotte