11 février 2007

"Samedi" de Ian Mc EWAN


Ce samedi, c’est une journée dans la vie Henry Perowne, neurochirurgien renommé, à Londres. On est en février 2003. Tony Blair s’apprête à suivre George Bush et à participer à l’invasion de l’Irak, contre l’opinion publique de tout son pays. Une manifestation pacifiste d’envergure inégalée se prépare pour ce samedi.
Henry Perowne se réveille à 3 heures du matin, inexplicablement attiré par la fenêtre, d’où il aperçoit un avion en flammes qui va s’écraser. Accident, attentat ? Conditionné par le 11 septembre, il pense inévitablement à un attentat. Toute la journée, les thèses les plus contradictoires envahiront les médias sur cet évènement. Pour Henry Perowne, c’est le point de départ d’une folle journée, au cours de laquelle tous ses repères vont, non pas voler en éclats, mais bouger subtilement, se décaler.
Londres est bloqué par la manifestation pacifiste, et les déplacements en voiture d’Henry se trouvent perturbés. Hormis sa visite hebdomadaire à sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, rien ne va se passer comme d’habitude. Sa traditionnelle partie de squash avec son anesthésiste tourne au combat sans merci, il est à cran, car sur le chemin, il a été agressé par les occupants d’une voiture avec lequel il a eu un banal accrochage. Son sentiment d’insécurité, créé par l’incident de l’avion, croît dangereusement. Même ce qui s’annonçait comme une perspective heureuse (l’arrivée pour le dîner de sa fille de 23 ans qu’il n’a pas vue de puis 6 mois) prend un tour pour le moins inattendu et angoissant...
Je ne fais qu’ébaucher la trame de la journée d’Henry Perowne, que Ian Mc Ewan décrit dans le détail : opérations chirurgicales, match de squash, discussions politiques (pour ou contre la guerre en Irak), préparation du dîner... Aucune des pensées du personnage ne nous échappe. Ce scientifique étudie et opère le cerveau. Il préfère qu’on lui explique le monde plutôt qu’on lui raconte. Sa fille est poétesse et son fils musicien, et leur mode de fonctionnement lui échappe un peu. Ils sont contre la guerre. Lui également, mais il pense qu’elle est inévitable pour se débarrasser de Saddam Hussein. La menace terroriste plane sur leur monde. Mais finalement, c’est une violence d’un tout autre ordre qui va perturber son samedi et sa vie.
C’est un roman brillant, dans lequel on plonge un peu comme dans un thriller politique. Il met en lumière le prisme que les médias impriment à notre perception du monde, le caractère profondément anxiogène de notre société. Il nous livre mieux qu’un article de presse l’état de l’opinion anglaise sur la question de la guerre en Irak et plus généralement encore, se demande (débat à la mode en ce moment) ce qui forge cette fameuse opinion publique.
Ian McEwan est un auteur anglais majeur. Vous pouvez tout lire de lui, il n’y a rien à jeter. J’avais particulièrement aimé « L’Enfant volé », que je vous recommande également.
Isabelle

"Eldorado" de Laurent GAUDE


Laurent Gaudé aborde dans ce roman le thème de l’immigration clandestine. Il s’est intéressé non pas aux destins des clandestins une fois arrivés en Europe, mais à ce qui se passe avant. Pourquoi et comment ils décident de tout quitter, et comment la "citadelle Europe" se défend contre eux. Ces deux côtés de la barrière, de la frontière, sont incarnés par deux personnages, que l’on va découvrir en chapitres alternés.
Piracci est commandant d’une frégate qui patrouille au large de la Sicile pour intercepter les bateaux de clandestins. A 40 ans, et suite à la rencontre d’une ex-clandestine qu’il avait quelques années auparavant sauvée du naufrage, sa vie et sa mission lui semblent soudain insupportables. Il va fuir sa vie, tout abandonner pour partir en Libye, à contre courant du flux migratoire....
Soleiman est un jeune soudanais qui aspire à vivre en Europe. On va suivre son périple à travers tout le Maghreb pour rejoindre Ceuta, une enclave espagnole au Maroc, porte d’entrée vers une nouvelle vie. Il vaincra de multiples obstacles, perdra beaucoup de son innocence dans ce dur combat d’où toutefois toute solidarité n’est pas absente.
A un moment de leurs parcours respectifs, ces deux personnages vont se croiser, dans un habile chassé-croisé temporel.
Il y a des romans qui sont la vie, tout semble vrai, exister sous nos yeux. Ils sont un miroir de nos vies, dans ses péripéties ou ses interrogations quotidiennes. Et d'autres qui sont l'illustration d'un message, avec des personnages qui incarnent celui-ci. Et l'absence de vraisemblance des dialogues, des caractères n'a pas d'importance, quand c'est réussi. Eldorado fait partie de ces romans là, à la fois cérébral dans son sujet (il pousse à réfléchir à la condition d'exilés clandestins) et émouvant dans les destins présentés, archétypaux : Soleiman incarne tout clandestin, son destin individuel recouvre tous les autres.
Piracci incarne la conscience de tout occidental qui ressent de l'empathie pour ces clandestins. Lui va laisser cette mauvaise conscience l'envahir et détruire tout ce qui faisait sa vie.
Des scènes choc tout au long des très courts chapitres (la tempête, l'assaut), une écriture simple et belle (presque maladroite dans le premier chapitre, c'est beaucoup mieux après), une émotion qui n'est pas "sollicitée", galvaudée. Bref, un très bon roman.
Isabelle

05 février 2007

Petites sorties parisiennes...


Petites sorties parisiennes que je voulais vous faire partager…Petites suggestions pour un petit week end culturel…
Trois rendez vous :
"Les trésors engloutis d’Egypte" au Grand Palais. On entend beaucoup parler de cette exposition…ces trésors sortis des eaux d’Alexandrie, de la baie d’Aboukir… Mais déception en arrivant sur les lieux ; beaucoup de monde donc on n’a pas le temps de contempler les œuvres… beaucoup de petits objets que l’on a déjà vus… Cependant, face aux trois colosses, on est pris par l’émotion : on est tout petit et les œuvres sont remarquables… Sentiment mitigé sur cette exposition
« Imagine toi » de Julien Cottereau. Si vous passez par Paris, ne manquez pas ce spectacle !! Clown-mime-bruiteur, cet homme est un véritable artiste, un génie. Spectacle original rempli de tendresse, d’humour, de finesse, de poésie… EXCEPTIONNEL !!! Il mérite d’être connu !! Très bon moment dont on ne peut sortir qu’avec un très grand sourire.
« Cyrano De Bergerac » à la Comédie Française. Classique me direz vous ! et bien non !!Voici un Cyrano splendide : Michel Vuillermoz nous offre une performance de comédien fabuleuse et hors du commun ! Mise en scène moderne remplie d’originalité par Denis Podalydès. 3 h de spectacle émouvant, exaltant… on entre dans le monde de Cyrano et de sa belle Roxane. A voir !!!
Charlotte