29 décembre 2007

"Ne le dis à personne" de Guillaume CANET


J'aime bien Guillaume Canet. Comme acteur, il est moyen. Comme réalisateur, il est de mieux en mieux. Et puis quelqu'un qui donne à François Cluzet l'opportunité de défendre un personnage et une histoire intéressants ne peut pas être mauvais.
Car j'aime beaucoup François Cluzet. Je trouve que le cinéma français le sous-emploie. Ou alors, peut-être refuse-t-il beaucoup de rôles, trop indigents pour lui. Il a en tout cas bien fait d'accepter de jouer dans cette adaptation du fameux bouquin d'Harlan Coben.
Canet en a tiré un excellent film, et pas seulement grâce à Cluzet (mais aussi Laurence Cote et Dussolier). Enfin un bon polar français, moderne et efficace. C'est bien filmé, bien raconté, bien joué, ça parie sur l'intelligence du spectateur sans négliger l'émotion. L'histoire est tendue comme un fil, captivante. Et puis l'histoire d'amour est renversante et poignante, et là on en revient à Cluzet. Il est de la trempe d'Auteuil dans le registre dramatique de ce film, et bien meilleur dans un registre comique, où il montre une folie et un sens du timing que peu d'acteurs français ont (voir le délirant "Sexes faibles", avec Valérie Lemercier, autre chose que ces comédies qu'on pond au kilomètre en ce moment. Réplique culte : "boulette suivante", ceux qui l'ont vu comprendront...). Souvenez-vous de lui en mari jaloux d'Emmanuelle Béart dans "L'Enfer" de Chabrol. Regardez le sur un plateau de télé (faut viser, c'est pas souvent qu'on l'y voit), il a une tête de fou, des yeux moqueurs et de la répartie à revendre. Les têtes de mule et les emmerdeurs sont souvent les meilleurs. Dans la famille, je prends aussi Bacri et Lanvin !!
IsaH

"Millenium" de Stieg LARSSON


Oui, bon, ce n'est pas follement original de faire une critique sur LE roman culte du moment. Je vous rappelle le contexte, l'auteur (suédois) succombe à un infarctus après avoir rendu le dernier tome de sa trilogie, que la France a commencé à publier en juin 2006, dans une relative indifférence. Le bouche à oreilles, et la qualité évidente des bouquins, a fait le reste. Pour une fois je hurlerai avec les loups. Oui, c'est génial, et oui, vous laisserez tout tomber pour plonger toujours plus loin dans l'histoire. Je termine le premier tome, et, mon métier ayant quand même quelques avantages, j'ai sous le coude, tous frais, tous neufs, les deux autres tomes... Ils ne feront pas long feu, mes lecteurs n'attendront pas longtemps (on se justifie comme on peut de ce honteux et exhorbitant privilège de vilain fonctionnaire).

Entre mystère de chambre close, à l'échelle d'une île, et roman à charge sociale et politique (capitalistes véreux, passé trouble de la Suède et du nazisme), Millenium nous embarque avec aisance dans une histoire à tiroirs. Henrik Vanger, riche retraité, à la tête d'un empire industriel sur le déclin, a passé les quarante dernières années à essayer de résoudre le mystère de la disparition de sa nièce, Harriett, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Il a l'intuition qu'elle a été assassinée par un des membres de la famille. Sentant la fin approcher, il embauche Mickael Blomkvist (le héros de la trilogie), directeur associé de la revue économique Millenium, qui vient de se faire condamner pour diffamation à l'encontre d'un certain Wennestrom, un capitaine d'industrie sur lequel il a enquêté. Blomkvist est au fond du trou, il accepte de s'installer sur l'île de Hedestad, où réside une grande partie de la famille Vanger, et où a eu lieu le drame, en 1966. Officiellement, il écrit la saga Vanger en vue d'une publication, officieusement, il reprend toute l'enquête de la disparition d'Harriett. En plus d'un confortable salaire pour ces missions, Vanger lui a promis des révélations juteuses sur Wennestrom....
Voici, très sommairement, le point de départ de l'histoire, il serait vraiment difficile de faire un résumé plus complet. L'auteur a la bonne idée de nous faire le croquis de l'île et de l'arbre généalogique des Vanger, car on s'y perd un peu.
Tout est bien. L'évocation de la Suède, à toutes les saisons, l'intrigue qui avance à grands pas, à aucun moment on n'a l'impression que l'auteur "tire à la ligne". Les personnages principaux sont attachants (mention particulière à la surdouée et rebelle Lisbeth Salander, qui va aider Blomkvist dans son enquête), et les salauds particulièrement déprimants. Franchement, lisez le. Si vous aimez Henning Mankell (et je sais qu'il y en a parmi les lecteurs du blog), vous adorerez Stieg Larsson.
IsaH