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La sélection de Cath (3)




L’Intranquille de Gérard Garouste

Le sous-titre « autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou » ne ment pas. Garouste raconte le terrible contentieux avec son père, collaborateur et spoliateur des juifs et les désordres psychiques qui en ont partiellement résulté. Il fait également le lien avec sa conception de l’art et de la création. Son histoire personnelle est racontée avec détachement, sans lyrisme ni sensiblerie. Nous rencontrons un homme, porteur d’une culture riche et raffinée (le judaïsme) et d’une sensibilité exacerbée. Cet autoportrait, à la fois sobre et puissant constitue un excellent moyen de (re)plonger dans l’œuvre de l’artiste



Loin des bras de Metin ARDITI

Nous sommes en 1959, en Suisse dans un pensionnat pour la jeunesse dorée. Au moment où commence le roman, l’institut est dans une mauvaise passe, et bien que sa directrice, Mme Alderson fasse l’impossible pour le garder, il semble bien qu’il faille le céder à un groupe américain. D’ailleurs, ce groupe américain souhaite auditionner les membres du personnel en posant 3 questions : Comment sont-ils arrivés à l’Institut ? Qu’est-ce qu’ils feraient différemment s' ils étaient retenus ? Et enfin comment envisageraient-ils leur avenir dans le cas contraire ?. Ce sont ces 3 questions qui vont révéler, en de courts et intenses chapitres l’enfer personnel de chacun des personnages : homosexualité, collaboration pendant la guerre, jeu …
L’arrivée au même moment d’une nouvelle professeure d’italien, meurtrie elle aussi, et autour de qui s’organise petit à petit le roman, dévoilera définitivement les petits secrets de chacun.
Un roman fort, des personnages attachants, et finalement, malgré les fardeaux du passé, de jolies notes d’espoir : la photographie, la danse, ou encore le théâtre sont des échappatoires à la solitude et à l’angoisse.



Cartes postales pour l’enfer de Neil BISSONDATH

Alec, peintre décorateur, doit son succès à son talent et au mythe de son homosexualité,
prétendument assouvie parmi ses nombreuses relations dans les milieux huppés qui forment sa clientèle. Sumintra, une jeune fille qui navigue elle aussi entre deux identités, vient briser cette façade.
Par son mensonge, chacun des personnages pense se protéger et contrôler sa vie telle qu’il entend la vivre.
Mais Alec et Sumintra se rencontrent et entament une liaison torride.
Les masques tomberont-ils ? Alec et Sumintra réussiront-ils à faire craquer la façade qu’ils se sont construits pour suivre leurs penchants ?
Dans un roman, enlevé, drôle même s’il se termine tragiquement, quelquefois coquin, Neil Bissondath pose de nombreuses questions : le secret est-il une liberté ou une prison ? Faut-il plus de courage pour mentir ou pour être soi-même ? La vraie vie ne peut-elle pas être celle qu’on s’invente et son identité celle qu’on se choisit ?

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"Quichotte" de Salman Rushdie

Toute ma vie de lectrice, j’étais passée à côté de Salman Rushdie, son œuvre m’était comme masquée par le « bruit » de l’ignoble fatwa, et la dimension magique de la plupart de ses récits (ce n’est pas ma tasse de thé) ne m’encourageait pas à le lire. J’en suis venue à l’aborder quand, installé aux Etats-Unis, il a situé ses romans dans ce pays. Intriguée par le résumé de la Maison Golden qui, fidèle à la réputation de Rushdie, semblait foisonnant et plein de références, mais dont les enjeux narratifs étaient clairs et qui a la grande qualité de se dérouler à New York, je l’ai lu avec passion. Et logiquement, j’ai regardé de près la quatrième de couverture de Quichotte, paru à l'automne 2020 : la promesse d’un road trip à travers les USA, un vieil indien (d’Inde bien sûr) amoureux d’une star de la téléréalité... Bref, j’ai plongé dans ce mastodonte (private joke pour ceux qui l’ont lu) de 430 pages. Et mon esprit cartésien n’a pas résisté à la fantaisie pleine de sens du récit...

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