10 février 2013

"Instants critiques" (spectacle)


Pour les adeptes du Masque et la Plume sur France Inter et les amoureux du cinéma, je recommande le spectacle Instants critiques, au Théâtre de la Pépinière Opéra à Paris, qui je pense et j’espère va tourner en France (si ce n’est déjà fait). C’est un texte qui reprend et adapte les échanges radiophoniques célèbres de 2 grands critiques de l’époque (années 60-70) Jean Louis Bory et Georges Charensol sur de grands films qui vont du "Corniaud" de Gérard Oury à "Cris et chuchotements" de Ingmar Bergman en passant par "Le Parrain" et "La grande Bouffe". Si je vous dis que la mise en scène est de François Morel et que les 2 critiques sont incarnés respectivement par Olivier Broche et Olivier Saladin (des ex-Deschiens) vous aurez compris que l’on ne s’ennuie pas. L'un Bory, est plutôt avant-gardiste et l'autre Charensol plutôt conservateur, ce qui ne va pas sans éclats de colère et d'indignation tantôt chez l'un tantôt chez l'autre. Leur confrontation est rythmée par une pianiste –chanteuse (Lucrèce Saseila) qui ménage de petits intermèdes de chansons de films fort appropriés entre les joutes oratoires de nos deux compères et les entraîne parfois dans de désopilantes folies musicales. Leur passion pour le cinéma n’a d’égale que leur mauvaise foi pour défendre ou au contraire assassiner un film. On rit beaucoup et on revisite avec plaisir certains film-cultes qui ont traversé les époques et parfois défrayé la chronique. Le talent de ces deux acteurs est au service de deux personnages qui pour reprendre les termes de la présentation de la pièce « entretenaient une véritable histoire d’amitié fondée sur une mésentente parfaite ». Un vrai plaisir !! On en redemande !!
Anne

 
 

"Blancanieves" de Pablo BERGER

Si je vous dis c’est un film espagnol, en noir et blanc, muet… je vous entends déjà soupirer "déjà vu merci, ON a fait "The Artist" en France avec le succès planétaire que l’on connaît"… Si j’ajoute que c’est un film qui revisite Blanche-Neige sur fond de tauromachie, il y en a qui vont me soupçonner d’un parisianisme mâtiné de Télérama (que j’assume totalement) ou d’avoir abusé de substances illicites… C’est vrai que présenté comme cela, ça  peut faire peur alors que c’est un petit bijou de film noir justement, avec un noir et blanc délicat, une musique que d’aucuns trouveront un peu trop présente, une histoire poignante d’amour entre un père et sa fille, une histoire de haine entre la belle-mère et la délicate jeune fille, la pomme est présente (ouf….), le conte est raconté de manière originale, un peu gothique sur les bords , les 7 nains se recomptent et ne sont pas tous gentils, le prince charmant est  "différent" et la fin nettement moins hollywoodienne que chez Disney… Les acteurs et actrices sont formidables : mentions spéciales à la petite fille au regard inoubliable lors de sa rencontre avec son père le grand toréador et à son ignoble marâtre d’une sublime perversité. Et soudain une inconnue à 3 places de la vôtre, vous tend gentiment un mouchoir pour sécher vos larmes ...Zut aurai-je sangloté un peu fort ?
Anne

03 février 2013

"Foxfire" de Laurent CANTET

Déjà le livre de Joyce Carol Oates (je l’ai précédemment clamé haut et fort sur ce blog je suis une inconditionnelle) m’avait bien plu, cette histoire de gang de filles qui mettent à mal le pouvoir machiste des hommes de l’Amérique des années 50 tout en exaltant les valeurs de l’amitié, avait fait vibrer mon bon petit coeur de féministe convaincue. J’avais loupé le film américain (1996) avec Angelina Jolie (introuvable en ce moment) aussi me suis-je précipitée avidement sur celui de Laurent Cantet avec un petit doute : « Entre les murs » ne m’avait pas plus convaincue que cela. D’entrée j’ai été emballée par le choix des actrices, par la reconstitution de l’époque et du lieu, par le scénario vu par l’écrivain du gang, bref séduite de A à Z et reconnaissante au cinéaste d’avoir su à la fois respecter le livre et lui donner un éclairage nouveau et attachant. Il en reste une forte envie d’adhérer à ce gang même s’il a conduit à des extrémités navrantes et de suivre presqu’aveuglément cette Legs charismatique et indépendante. En bref un beau film sur l’amitié certes, mais aussi sur la difficulté de la lutte quelle qu’elle soit, qui souvent amène à des débordements difficilement contrôlables : quand on s’engage cela ne va pas toujours tout droit, mais cela reste courageux et respectable.
Anne

02 février 2013

Alain Souchon fait son petit tour

Il chante comme on lance des balles, avec des mouvements de bras à la fois gauches et gracieux, et j'en viens à regretter qu'en blonde il ait des lacunes... Ce petit tour avec 2 musiciens est intimiste, mais sait aussi envoyer le son, grâce à l'excellent Michel-Yves Kochmann qui fait saturer sa guitare quand il faut, et pas seulement sur "l'Amour à la machine". La réorchestration des chansons est  réussie, parfois spectaculaire comme dans "Au ras des pâquerettes" (Pink Floyd n'est pas loin... à deux musicos, si si). "C'est déjà ça" me tire les larmes comme à chaque fois. Quelques découvertes : "Casablanca" (sa ville de naissance) et deux ou trois titres de son nouvel album. L'homme parle beaucoup entre les chansons, parfois longuement et il est très drôle et très désespéré. On finit debout à entonner en choeur et sans honte tous ses tubes imparables : "Foule sentimentale", "Bidon" ou "J'ai 10 ans". Et on sort du concert en se disant, comme dans "Un baiser" : Si la vie c'est presque rien, ce passage-là était plutôt bien...
IsaH

"Et s'il n'y avait plus de livres..." d'Alain GROUSSET

Voilà , j’ai pris une année de plus, qu’importe le chiffre, une année de plus de lecture derrière moi, combien cette année ? 1 livre par semaine ? 2 par semaine ? parfois plus parfois moins…Qu’importe…je ne vais pas raconter ma vie sur ce blog destiné aux critiques de livres, de films, et autres, on n’est pas sur facebook (tiens amusant dans facebook il y a book et en VOSTfr ça veut dire livre non ??? ). Alors voilà disais-je , un an de plus et mon garçon m’a offert ce livre, qui parle des livres et surtout du bonheur de lire. Il connait bien sa mère.
 
Et toutes ces pages, elles collent au plaisir que j’ai de traquer mes lectures, dans mon lit (p 17), dans le métro (p 1), à la médiathèque (p 73), à l’hôpital (p35) etc, en passant par les lieux d’aisance ou l’on est à l’aise justement et certains de n’être pas dérangé.
En passant, ce livre égratigne un peu le e-book, où là c’est le « e » qui fait tout, n’en déplaise à Georges Pérec qui l’avait fait disparaitre tout le long de son célèbre livre-culte. Moi j’aime bien qu’on les bouscule ces « liseuses », froides et impersonnelles qu’on ne pourra jamais faire vieillir comme un bon vieux livre que l’on se passe de génération en génération et dans lequel on peut retrouver des marque-pages qui, d’un coup, nous évoque une personne, un parfum, une époque et qui porte encore le poids des mains qui les ont feuilletés….
Alors ami(e)s lecteur(rice)s plongez dans ce petit recueil et retrouvez vos émotions et participez, car à la fin du livre il y a des pages vierges qui n’attendent que vos déclarations.
 
Je rêve d’une manif de lecture pour tous, et en ce temps d’anniversaire je peux déclarer avec Jules Renard : 
" Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux ".
Anne