25 mai 2006

"La famille Lament" de George HAGEN


Ce livre est une double invitation au voyage : voyage de l'Afrique du Sud aux Etats-Unis avec un état des lieux pittoresque et souvent amer des pays traversés, et voyage au sein d'une famille des parents excentriques et utopistes aux enfants impossibles mais si attachants.

On est embarqué au côté de l'ainé, Will, qui est peut-être le seul à prendre du recul devant toutes ces péripéties, à travers les lettres qu'il envoie à sa grand-mère (un tempérament aussi bien particulier !!). Rien de conventionnel dans cette famille qui cherche le pays idéal, ni ses débuts, ni ses problèmes. Dans cette famille on creuse la terre pour voir les chinois de l'autre côté de la terre… (quelle idée !). Un autre est spécialiste des valves et des robinets…(oui il en faut !). Nous sommes émus, amusés, jamais indifférents car les Lament sont en quête de ce que nous cherchons tous…le bonheur sans la perte des illusions, avec le cœur et l'envie toujours en avant. Alors on traverse leurs épreuves tant géographiques, professionnelles qu'intimes, prêts à tout encaisser, prêts à tout recommencer comme eux à chaque étape.

Alors prenez votre billet et partez avec eux, vous ne le regretterez pas.
Un premier roman original et prometteur.
Anne

17 mai 2006

"Commis d'office" d'Hannelore CAYRE


Christophe Leibowitz est un jeune avocat, éternel commis d'office pour arrondir ses fins de mois. Il s'est même fait une réputation chez les proxénètes d'Europe de l'Est. En somme, Christophe Leibowitz est un pénaliste misérable pour des suspects minables. Rien de très enthousiasmant si ce n'est que notre anti-héros a le don de nous révéler l'absurdité de certaines situations au gré de ses permanences au palais - interminables d'attente et fortes de mesquineries entre collègues. Bouffé par une réalité et un quotidien glauque à souhait, on finirait presque par déprimer avec Maître Leibowitz.
Jusqu'à ce qu'on comprenne que le personnage nous écrit de prison. Il a troqué son appartement confortable contre "une vie à deux avec un type de cent trente kilos qui ronfle au-dessus de mon oreille, dans une studette de neuf mètres carrés avec barreaux, exposée plein sud avec vue sur promenade – à Fresnes." Et finalement, pour des raisons que vous comprendrez si vous lisez le livre, ce n'était pas une si mauvaise affaire…
Quelques introspections vraiment très drôles sur un milieu que l'auteur connaît bien - et oui, elle est avocate pénaliste…
Paru en 2004 aux éditions Métailié

Amélie

15 mai 2006

"Le Pianiste", spectacle avec Robin RENUCCI


" Le Pianiste ", mise en scène de Cécile Guillemot, avec Robin Renucci et le pianiste Mikhaïl Rudy (Salle Poirel à Nancy)

Pas de décor : 2 hommes en noir, un piano et un fauteuil pivotant, un subtil jeu de lumière.
Un acteur sobre, droit, digne mais très ému et un grand virtuose de Chopin pour ne plus faire qu’un seul personnage : Wladislaw Szpilman, pianiste juif polonais, rescapé du ghetto de Varsovie.
Des faits terribles, effroyables défilent devant nous, relatés avec pudeur par la voix posée mais ferme de Renucci. Nul besoin d’image pour pleurer devant l’enfant matraqué par le soldat allemand et que le pianiste essaie en vain de sauver, pour pleurer devant la femme qui, de peur que les cris de son enfant ne les fassent prendre, l’étouffe et en devient folle ou devant ces familles entières que l’on fait monter dans les trains de la mort.
Entre chaque épisode, la musique de Chopin vient ponctuer l’intensité du récit.
Pas un mot inutile, pas un geste, pas un déplacement, pas une note de trop, rien qui ne puisse nous détourner du drame.
Pourtant, si le pianiste est sauvé à plusieurs reprises par un soldat allemand et finit par s’en sortir et s’il faut y voir là une lueur d’espoir, la vie peut-elle encore avoir un avenir ?
Et la salle n’était plus que silence et émotion lorsque le piano se referma !
Charlotte et Marie-Danièle

14 mai 2006

"Le Promeneur du champ de Mars" de Robert Guédiguian

A la cérémonie des Césars 2005, n'ayant pas vu ce film, et ayant adoré "De battre mon coeur s'est arrêté", je trouvais injuste que Romain Duris ne soit pas récompensé... Après avoir vu Michel Bouquet dans le rôle de Mitterrand, cette récompense me semble désormais pleinement justifiée. Pas follement emballée par le projet du film (raconter les derniers mois du Président par la voix d'un jeune journaliste "recruté" pour recueillir au quotidien les souvenirs et réflexions du vieil homme), et après les cinq premières minutes où j'ai bien cru ne pas "tenir", je suis d'un coup rentrée dans le récit. Au-delà du personnage de Mitterrand et de ses ambiguités (traitées avec honnêteté par Guédiguian), j'ai surtout été sensible à sa lucidité. Bouquet est troublant et étonnant : il est Mitterrand, et en même temps il lui donne une universalité qui dégage le film d'un contexte politique bien situé dans le temps, pour aboutir à une superbe réflexion sur la mort qui approche et qu'il faut apprivoiser. Guédiguian a réussi son pari, pourtant intenable sur le papier : faire un film sur Mitterrand, à la fois respectueux de l'homme mourant et sans concession sur les zones d'ombre de l'animal politique qu'il fut. Mitterrand, contre toute attente diront certains, savait toucher les ouvriers et le peuple, et cela le communiste qu'est Guédiguian a l'élégance de le reconnaître, dans une des scènes les plus fortes du film. Il filme le discours du Président aux ouvriers d'une usine minière, où l'on commémore un accident qui a coûté la vie à des dizaines de mineurs. Les gros plans sur les visages bouleversés et pleins de dignité des mineurs, la force et la sincérité du discours de Mitterrand, tout le talent de Guédiguian s'exprime dans ces plans. Cette faculté réelle de Mitterrand, qui m'a toujours un peu étonnée, qui la possède aujourd'hui...?
Isa

13 mai 2006

"Je mourrai pas gibier" de Guillaume GUERAUD


"C’est avec « Je mourrai pas gibier » que les éditions du Rouergue lance leur dernière collection de poche pour ados, DoAdo noir. Un récit noir et sans concessions signé Guillaume Guéraud à qui l’on devait déjà « Cité Nique le ciel ». Depuis toujours à Mortagne, c’est la guerre entre les vignerons et les travailleurs du bois. Issu d’une famille de scieurs, Martial choisit d’étudier la mécanique. Mais la violence du village ne l’épargnera pas. Aussi, le jour où il découvre que son frère et un ami s’en sont pris à Terence, le « pleu-pleu » du village, le seul qui ne soit pas chasseur, Martial décide de se venger sur leur propre terrain. Le jour du mariage de son frère, il emprunte le fusil de chasse de son père." (résumé FNAC.com)
Juste un petit mot sur un livre qui se veut "pour enfants" (pourquoi un livre serait il pour enfants seulement..?? ça c'est un autre débat) .On ne peut le résumer car l'intrigue est rapide, brève mais tellement forte...Livre court, poignant, noir qui ne peut laisser indifferent. On ne peut en sortir indemne...Cela fait plusieurs jours que j'ai lu cet ouvrage et je n'arrive pas à oublier...
Charlotte

06 mai 2006

"L'Age de glace 2"


Sans complexes, et sans l'alibi (facile) d'accompagner un quelconque enfant de mon entourage, je suis allée voir au cinéma la suite de "l'Age de glace" (j'avais adoré le premier que j'avais vu sur petit écran). Si vous êtes amateur de divertissement intelligent, de rire franc mais pas gras, si vous êtes un peu lassé de l'humour cynique ambiant, mais sans renoncer tout à fait au deuxième degré, courez-y. Comme "Shrek", ce dessin animé s'adresse avant tout à nous les adultes (même si les enfants y trouvent certainement aussi leur compte, quelle réussite).
Les prouesses techniques sont de tous les plans mais se laissent oublier pour créer un univers tellement "réel", aux paysages magnifiques. Ici on est à la croisée du meilleur de Walt Disney et de Tex Avery (voir les scènes récurrentes de l'écureuil qui cherche désespérement à attraper un gland, alors que tout se ligue contre lui ; il est prêt à tout pour le déguster, vraiment à tout...). On est aussi dans le registre traditionnel des codes de la comédie : le garçon et la fille (ici deux mammouths) se chamaillent pendant les 3/4 du film puis tombent dans les bras (?) l'un de l'autre...
Les personnages sont à hurler de rire. La jeune "mammouthe" a été recueillie par une famille d'opossums quand elle était petite, du coup elle se prend pour l'un d'entre eux : il faut la voir se suspendre avec ses "frères" par la queue, à la branche d'un arbre qui n'en demandait pas tant... Une sacrée trouvaille et une petite réflexion en passant sur l'identité (bah, laissons de côté ces réflexes explicatifs, c'est tout simplement drôle). Le tigre qui a peur de l'eau, le paresseux un peu crétin, mais qui mine de rien découvre le feu, ils font tous mouche. Petit message écolo en passant : la catastrophe qui menace tous nos héros de la banquise, c'est la fonte des glaces...
Les productions de dessins animés Dreamworks et Pixar n'ont qu'à bien se tenir. L'outsider Blue Sky tient vraiment la route. Et nous, autant de créativité et de beauté graphique, on en redemande !
(J'aurais pu aussi vous parler du "Monde de Nemo" : j'ai a-do-ré... quoi, je régresse ?)
Isa

02 mai 2006

"Les charmes discrets de la vie conjugale" de Douglas KENNEDY


Comment peut on basculer, subitement, d’une vie tranquille, calme et rangée à une vie noire, sombre et tellement difficile ? C’est à cette question, ô combien passionnante, que Douglas Kennedy tente de répondre dans chacun de ses romans et notamment dans ce dernier opus.
Hannah Buchan , fille d’un homme reconnu, mène une existence ordinaire dans une petite ville des Etats-Unis où tout le monde se connaît et s’observe, mais où personne ne s’entraide et où le moindre faux pas est analysé. Mariée à un médecin, mère d’un enfant, sa vie semble toute tracée quand un homme va transformer, insidieusement, son quotidien.
Trente ans après, l’actualité, notamment le 11 septembre 2001, va mettre à nu cette brève liaison et va conduire Hannah Buchan vers une descente aux enfers.
Roman à l’ambiance pesante, épinglant subtilement la société américaine d’aujourd’hui et leurs politiques, qui nous tient en haleine jusqu’au bout, comme D. Kennedy sait le faire. On ne peut sortir indemne de ce roman, des questions sont posées : quelles sont les conséquences de nos actes les plus anodins ? Comment le passé peut il nous rattraper ?
Roman à découvrir et à dévorer !!!!!
Charlotte

"Vous plaisantez, monsieur Tanner " de Jean-Paul DUBOIS


Mr Tanner hérite de la magnifique demeure familiale. Jusque là tout semble parfait. Et pourtant la vie tranquille de ce dernier va se transformer en enfer domestique.
Cette maison doit être rénovée et faire des travaux se révèle être une mission ô combien coûteuse, difficile et truffée d’obstacles, de personnages pittoresques, parfois attachants mais surtout envahissants.
C’est ce que s’attache à démontrer JP Dubois dans ce roman empreint d’humour et d’anecdotes trop vraies pour ne pas être autobiographiques ! Chacun des chapitres de ce roman est un bref instant de vie où se mêlent lassitude, énervement, espoir et relations humaines uniques.
Une écriture simple (parfois simpliste ?) pour un roman léger, court et agréable à lire.
Charlotte