19 décembre 2009

Rentrée littéraire : keskalu Charlotte...

Tous les ans, à chaque mois de septembre, je me dis que cette année, ce sera différent.
Je ne feuilleterai pas les catalogues sur cette rentrée, je ne franchirai pas le seuil d’une librairie, dans laquelle inévitablement une table sera dressée avec toutes ces nouveautés…Tous ces livres neufs ne demandant qu’à être ouverts…
Non, ma décision est prise, ma bibliothèque est pleine et j’ai encore tant de choses à lire…
Et puis, inévitablement, cela commence par une petite critique lue dans un magazine, entendue dans une émission… et hop, la résolution à la poubelle, happée par la librairie, je m’y précipite…

Voilà, j’ai craqué… Petit aperçu de mes lectures de cette rentrée 2009…

- Une année étrangère de Brigitte Giraud
Récit d’une jeune fille au pair fuyant son histoire pour se réfugier dans une famille en Allemagne… Récit émouvant sur les relations humaines, sur le poids du passé, sur la solitude finalement… Ecriture fluide, agréable… Il manque cependant un petit quelque chose pour que le roman laisse un souvenir impérissable.

- Trois femmes puissantes de Marie N’Diaye
Lu avant l’obtention du prix Goncourt et sans conteste une coup de cœur dans cette sélection. Trois récits – inégaux cependant – d’histoires de femmes, d’hommes, de vie… Toutes bouleversantes… Un vrai travail d’écriture, presque de la poésie par moment. Chacun a son histoire préférée, celle où inévitablement on s’identifie à cette femme en quête de vérité, de liberté…

- Les heures souterraines de Delphine de Vigan
J’étais persuadée, à l’époque, d’avoir fait une critique de No et moi, visiblement non, c’est un tort !
La lecture de No et moi avait été une révélation pour moi, le livre que j’ai conseillé à beaucoup de monde… Une écriture sobre, des personnages d’une force incroyable… Découverte également de Jour sans faim autre roman de l’auteur sur l’anorexie, toujours aussi fort…
Je n’ai donc pas résisté aux Heures souterraines… Roman grave sur le monde du travail, et sur Paris et sa solitude… Deux personnages bouleversants… Un livre sur la vie, sans mielleux et sans détours, sur les rencontres épuisantes, les rendez vous manqués…
On ressent toutes les émotions, toutes les sensations dans les livres de Delphine de Vigan… On a peur, on rit, on pleure, on vit, au sens propre du terme, ses romans…
Je rentre d’une rencontre avec Delphine De Vigan, elle est comme ses romans d’une simplicité mais d’une profondeur décelable dès qu’elle entre dans la pièce. Moment riche sur le travail d’écrivain, sur ses sources d’inspiration!

- Mauvaise fille de Justine Lévy


Sans conteste un très bon livre ! Néanmoins, trop difficile pour moi, trop de ressenti, trop de moments où j’aurais voulu fermer le livre pour ne pas ressentir cette dureté et le déchirement de perdre sa mère… Sentiments certainement décrits à merveille pour que ce livre me touche à ce point… Sensation de brûlure, on sait que ça fait mal mais on n’a pas le réflexe de retirer sa main…

Enfin, qui n’a rien à voir avec la rentrée littéraire mais il fallait en parler…

J’ai vu Into The Wild… Film de Sean Penn… Bouleversant… Quiconque à un peu de rébellion en soi ne peut rester insensible à ce film… On a envie de changer le monde après ça (surtout en ce moment…). Alors on attend quoi, au boulot !!

Au prochain épisode : Une vaine attente, Jan Karski, Les souvenirs de nos pères…


Charlotte

30 novembre 2009

Plus d' Herbes folles en 2012




Vu coup sur coup deux films de cinéma...


Alain Resnais : rythme atypique d'une histoire inattendue pleine de trous, recherche formelle, aucun "psychologisme", acteurs décalés.
Roland Emmerich : enchaînement roboratif de tous les poncifs du film "fin du monde", effets spéciaux scotchants et jubilatoires, bons sentiments, acteurs efficaces.

Deux films de "cinéma", quoi... Car les deux sont à voir sur grand écran et résisteront mal (voire très mal) au visionnement sur DVD, téléchargements sur ordi et grande soirée sur TF1 ou Canal +...
Isabelle

PS : et puis j'aime bien André Dussolier ET John Cuzak

22 novembre 2009

"Un pied au paradis" de Ron Rash


Une vraie belle découverte que Ron Rash et son roman Un pied au paradis. Etrange titre d’ailleurs pour un roman noir, très noir, en forme de polar, mais dans lequel la résolution du crime n’est pas le pivot central.

Nous sommes dans les Appalaches, dans les années 50. Les paysans travaillent dur une terre aride, et sont en sursis. Une compagnie électrique rachète une à une toutes les terres pour construire un barrage et inonder à terme le comté. Chacun s’accommode comme il peut de cette perspective.

L’histoire, racontée de différents points de vue, s’ouvre avec Alexander, le sherif, un des rares habitants à avoir fait des études. Appelé sur les lieux d’une bagarre, il réprimande Holland Winchester, un héros de la deuxième guerre mondiale, un peu déboussolé depuis son retour. Quelques jours plus tard, Holland disparaît sans laisser de traces. Sa mère est persuadée qu’il a été tué. Alexander va mener l’enquête, à sa manière, désabusée mais tenace. Son intuition et ses soupçons se portent rapidement sur les voisins d’Holland, Amy et surtout son mari Billy.

Les éléments sont en place pour une véritable tragédie familiale et rurale : un drame de l’amour, de la jalousie et de la filiation chez des gens simples que Ron Rash décrit à merveille, tout comme la nature âpre et rude qui les entoure.
L’histoire est racontée en 5 chapitres, du point de vue des personnages principaux, le shérif et son adjoint ouvrant et clôturant le récit. Seul Holland n’a pas la parole… Chaque récit adopte le langage et le phrasé de ses personnages,

C’est un roman vraiment formidable, ancré dans une époque, les années 50, et un lieu, l’Amérique rurale, mais qui a une portée véritablement universelle dans les sentiments qui animent les personnages. Un beau fleuron de la littérature sudiste, à qui la traduction semble faire honneur, mais qu’on préfèrerait arriver à lire en version originale.
IsaH

27 mai 2009

D'autres vies que la mienne d'Emmanuel CARRERE


"Toi qui es écrivain, tu vas écrire un livre sur tout ça ? [...] Tu devrais. Si je savais écrire, moi, je le ferais. " ou comment un écrivain, non moins réputé pour son narcissisme, accepte de retracer des destins brisés sans jamais tomber dans la facilité et le voyeurisme…
Deux événements majeurs où l’injustice de la mort est omniprésente : le tsunami de décembre 2004 entraînant la perte d’une petite fille pour ses parents et la mort des suites d’un cancer d’une femme de 33 ans, épouse, fille, mère… Tout en retenue, avec finesse et douceur, on entre dans la vie de ces personnages… on a l’impression de marcher sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit, de se cacher derrière une porte pour ne pas être vu mais ces moments, on les vit, on les ressent… A découvrir pour se rendre compte que « d’ autres vies que la mienne » nous touchent insidieusement, s’immisce dans notre conception de la vie et du rapport à autrui… et que rien de ce qui humain ne nous sera plus étranger…

Une jolie leçon d’humanité et d’humilité!

Charlotte

19 avril 2009

"Le contraire de la mort" de Roberto SAVIANO


Le contraire de la mort… Titre qui m’intriguait… Tiré d’une chanson italienne… Roberto Saviano nous embarque dans son Italie natale, Italie sombre, semblant sortir d’un autre temps. Deux nouvelles : la perte par une jeune femme de son fiancé soldat en Afghanistan et la vengeance aveugle et absurde de la mafia. Ce récit se lit très rapidement mais tout est dit de la quête d’identité, de la force des sentiments, de l’attachement , parfois involontaire, aux origines avec en toile de fond un constat accablant sur la bêtise humaine et sur l’incapacité des hommes à tirer des leçons de leur passé. On referme le livre en se disant qu’on est bien né, au bon endroit, au bon moment et puis inévitablement subsiste une question : et si c’était moi qui avais dû vivre cette histoire ?

Charlotte

19 mars 2009

"Gran torino" de Clint Eastwood



La critique a tout dit de ce film, et plutôt bien. Film-somme de toute l'oeuvre du cow boy septuagénaire... J'ajouterai simplement que ce que j'aime chez lui, c'est qu'il fait des films "simples" ou plutôt simplement, qui parlent à tout le monde, et qui sont toujours, même quand ici un peu de comédie surgit parfois, très émouvants, très profonds et toujours poignants. Moins déprimant que Million dollar baby, et plus optimiste qu'Un monde parfait, Gran torino est un petit bijou, un faux film mineur : la rédemption (comme toujours chez Clint) d'un vieux réac traumatisé par la guerre est très bien menée, la fin surprend, alors que, en y réfléchissant, il n'y en avait pas d' autre possible : simplicité et habileté. Les jeunes acteurs qui lui donnent la réplique sont parfaits et Clint s'offre le luxe, pas si fréquent chez lui, d'une scène vraiment hilarante, chez le coiffeur (voir photo).
Isa

15 mars 2009

"La reine des lectrices" d'Alan BENETT

Petite friandise britannique à croquer !
Comment l’amour soudain de la Reine d’Angleterre pour les livres va-t-elle mettre en péril la couronne ? Point de départ loufoque mais qu’Alan Bennett fait vivre avec tant de réalisme et d’humour, qu’on y croirait ! Et quelle chute !Derrière le contexte grinçant et décapant, se cache une réflexion intéressante sur l’intérêt de la littérature, le Livre en général. A découvrir !
Charlotte

11 mars 2009

"Journal intime d'un marchand de canons" de Philippe VASSET



Excluons tout de suite les clichés de « Lord of war » ou de tout film américain rendant irrésistible ou affreusement méchant le vendeur d’armes… On est ici dans un tout autre style, très troublant…
Un récit à la première personne, récit que l’on sait fiction mais qui vogue dans des lieux et parmi des personnages aux nomx étrangement connus…
Roman, reportage ?… On tangue entre les deux mondes, préférant un temps que les sentiments et les jouissances de cet homme soient purement imaginaires et au contraire, ramenées brutalement dans une réalité où les avions et pistolets en plastique d’un enfant sont devenus les armes de commerce et de guerre d’un homme.
Journal intime d’un homme qui a cru devenir un aventurier en embrassant une carrière aux côtés sombres où tout n’est que pouvoir, argent et qui finalement se retrouve, soupçonné par la justice à faire le point sur une vie, laquelle est loin d’être romanesque.
Finalement, on en viendrait presque à éprouver de la compassion pour cet homme qui a l’impression d’avoir gâché sa vie, mais qui, à aucun moment, n’émet de regret.
Roman dérangeant, déroutant. Portrait noir et cynique de la nature humaine. On ferme ce livre avec une sensation étrange, ambiguë, comme touché en plein cœur ou plutôt en pleine conscience…
Charlotte

07 mars 2009

Les César de la musique


Deux soirs de suite la télé programmait ce mois-ci les remises de prix traditionnelles pour le cinéma et la musique. Voir récompenser les meilleures oeuvres et les meilleurs artistes pour 2008, c'est toujours intéressant... je m'y colle. Ca commence avec les César.

Bon, comme toujours, le film le plus nominé ne repart pas avec le plus de compressions (Mesrine), et le plus intellectuellement correct s'en sort avec tous les honneurs (Séraphine). Je n'avais eu envie d'aller voir ni l'un ni l'autre, trop attendus chacun dans leur genre. Le film de notre gloire locale P.Claudel (Il y a longtemps que je t'aime) ne s'en tire pas mal, bien que très moyen à mon avis, voir mon message à ce sujet dans ce blog. Quelques satisfactions personnelles grâce aux deux césar pour deux des enfants de Gamblin et Zabou dans Le premier jour du reste de ta vie. Ce film est mon César perso.

La cérémonie fut malgré tout interminable et pas particulièrement drôle, sauf quand De Caunes, parlant du concert d'AC/DC de la veille, fit mine de répondre à C.Albanel :"Si si, madame la ministre, ils ont joué Highway to hell". Yolande Moreau, meilleure actrice, a réussi à parler de super U et de monoprix ... c'était rigolo. Et, heureusement, il y a eu les mimiques d'Emma Thompson, semblant vouloir arracher les mots de certains nommés, c'était le grain de folie et de légèreté qui a fait passer le temps.

Bon an, mal an, tout cela était de bon ton, et les nommés comme les nominés n'avaient pas volé d'être là.

Ca se corse salement avec les Victoires de la musique. Mon dieu, quelle indigence, nous étions atterrés. Je le dis, haut et fort, à bas la "nouvelle scène française" ! On en a marre de ces chansons sketchs sur les plus insignifiants moments de notre pauvre existence. Delerm, cette fois-ci, c'était les voyages en autoroute... Je n'ai rien contre les chansons sketchs, mais il faut qu'elles soient DROLES !!! Révisez votre Renaud, les gars...


Et puis il y eut l'insupportable Cali... Alors lui c'est le pompon. Son registre, c'est la chanson de révolte adolescente. Le hic , c'est qu'il a quarante balais, et qu'il a mal digéré son U2 des années 80 (les choeurs héroïques de ses accolytes sont sur deux notes). A part nous prouver sa forme, en courant de long en large, sa prestation était pathétique : voix exsangue, yeux exorbités façon je-suis-habité-par-le-message de-ma-chanson : "sens-tu le vent de la liberté" (sic), sollicitation putassière du public...

Je ne vous parle même pas d'Anaïs débarquant sur un cheval pour nous chanter qu'elle a une angine... Ca a été le coup de grâce. J'ai quasiment été soulagée de voir arriver Julien Doré et chansonnette un tout petit peu maligne, c'est vous dire...

Il y avait Bashung, me direz-vous, pour sauver ce palmarès 2008. Mais là aussi c'était déprimant de le voir si affaibli... je n'insiste pas. Citons tout de même Abd Al Malik et Catherine Ringer, qui ont haussé temporairement le niveau de la soirée.
Conclusion : le cinéma français se porte mieux que la chanson française. Espérons que ce n'est qu'un creux provisoire... J'attends vos réactions.

Isa

19 janvier 2009

"Syngué sabour : pierre de patience" d'Atiq RAHIMI


Revenant d’Arabie, j’étais depuis un mois sous le charme de ces pays où la beauté des lieux et des objets, les effluves d’encens, la gentillesse des locaux envers « l’étranger » sur les marchés côtoient la dureté du quotidien pour les individus en règle générale, qui doivent se partager des terres arides. La dignité des femmes musulmanes a bien du mal à relever la tête tant on les fait se cacher chaque jour un peu plus, derrière des restrictions récentes écrites en langue imaginaire.
C’est dans la foulée de ce « voyage en Orient » que je me mis en lecture de ce dernier Goncourt au vu de toutes les critiques dithyrambiques que j’avais lues.
Oui l’auteur a bien du courage d’aborder ce sujet d’actualité à travers un monologue féminin plein d’amour. Oui il parvient avec la délicatesse et la sincérité d’une femme privée d’identité à nous émouvoir. Certes la plume est fort belle, poétique, envoûtante. Mais rapidement nos mâchoires se crispent, puis nous aussi commençons à nous laisser enfermer dans ce livre, animés par la dualité d’un terrible doute et d'un fol espoir.
Vous mes chers lecteurs, dites-moi juste si la fin vous en donne? Juste pour que je puisse encore regarder sans baisser les yeux nos consœurs d’Afghanistan ou d’ailleurs. Et savoir combien de temps devront-elles utiliser leur Syngué Sabour pour rêver à d’autres destins?
Mata Hari