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Articles

Affichage des articles du 2025

"Le Goût des secrets" de Jodi PICOULT et Jennifer Finney BOYLAN

Un roman américain, d’une romancière que j’apprécie, Jodi Picoult, des chapitres alternant deux points de vue sur l’histoire, tout pour me plaire ! Mais difficile d’en parler sans spoiler l’intrigue, et je ne souhaite pas dévoiler la révélation faite au milieu du roman (rien que de dire ça, c’est déjà trop!). Une jeune fille, Lily, est retrouvée gisant au pied de son escalier par son petit ami, Asher. Il est assez vite soupçonné, et le roman adopte en parallèle le point de vue d’Olivia, la mère d’Asher, qui raconte les suites policières et judiciaires de l’affaire, et celui de Lily, qui relate les mois précédents sa mort et sa relation avec le jeune homme. Une construction habile qui fait du récit un « page turner ». Asher a-t-il tué Lily ? Le suspense est très bien tenu, le doute envahit même sa mère, victime de maltraitances conjugales et qui cherche (trouve) en son fils des indices qui le rapprocheraient de son père sur ce point. Et puis il aurait un mobile, do...

"Jour de ressac" de Maylis de KERANGAL

Faux polar, vrai récit introspectif, réaliste évocation du Havre… Des trois axes du dernier roman de Maylis de Kerangal, je retiens le dernier, le seul qui m’a capté (car c’est une ville que je connais bien), et sans lequel je ne serai sans doute pas allée au bout des pages. On le sait, Le Havre et son architecture rythmique est un pur décor de film, la ville est ici un personnage à part entière, riche en nuances de caractère : tour à tour portuaire, urbaine ou balnéaire, elle aide l’héroïne à avancer ou se dérobe et la perd. Les déambulations qui forment le récit, et c’est notable, sont exactes dans leur enchaînement (mais peut-être a-t-elle introduit un « fake » : je ne reconnais absolument pas le cinéma dont elle parle et le passage dans lequel il se trouve).  Reprenons… L’intrigue du faux polar est tout de même trop convenue pour s’y accrocher plus que les quelques pages du début. Et pas de résolution à la fin, bon, pourquoi pas. Le récit introspectif a quelques fulgurances,...

"Tout le monde aime Jeanne" de Céline DEVAUX

Un samedi soir, je tombe par hasard à la télé sur un film qui commençait, avec Blanche Gardin, que j’aime beaucoup. Vite happée par son jeu et le dispositif scénaristique de la voix intérieure sur des images d’animation hilarantes et pleines de sens, je regarde jusqu’au bout cette histoire de dépression, de deuil et de rencontre, dont j’apprends plus tard que c’est un premier film. Chapeau… Je ne suis pas toujours fan de Laurent Lafitte, mais son duo avec Blanche Gardin fonctionne. Marthe Keller, la mère disparue, Nuno Lopes l'ex portugais, et Maxence Tual le frère affectueux, sans oublier les enfants, chaque acteur est parfaitement choisi et joue sa partition. Il y a bien quelques longueurs, mais aussi des images sublimes de Lisbonne, et surtout le visage changeant de Blanche/Jeanne, tour à tour beau ou ingrat, avec son regard inimitable, entre désespoir et ironie ; on retrouve, en moins trash, la Blanche qu’on connaît sur scène. A noter que c'est la réalisatrice elle-mê...

"Quichotte" de Salman Rushdie

Toute ma vie de lectrice, j’étais passée à côté de Salman Rushdie, son œuvre m’était comme masquée par le « bruit » de l’ignoble fatwa, et la dimension magique de la plupart de ses récits (ce n’est pas ma tasse de thé) ne m’encourageait pas à le lire. J’en suis venue à l’aborder quand, installé aux Etats-Unis, il a situé ses romans dans ce pays. Intriguée par le résumé de la Maison Golden qui, fidèle à la réputation de Rushdie, semblait foisonnant et plein de références, mais dont les enjeux narratifs étaient clairs et qui a la grande qualité de se dérouler à New York, je l’ai lu avec passion. Et logiquement, j’ai regardé de près la quatrième de couverture de Quichotte, paru à l'automne 2020 : la promesse d’un road trip à travers les USA, un vieil indien (d’Inde bien sûr) amoureux d’une star de la téléréalité... Bref, j’ai plongé dans ce mastodonte (private joke pour ceux qui l’ont lu) de 430 pages. Et mon esprit cartésien n’a pas résisté à la fantaisie pleine de sens du récit...

"Utopia avenue" de David MITCHELL

  Milieu des années 60, dans le swinging London. Un groupe de musiciens se forme autour d’un manager visionnaire : Elf la chanteuse folk, Dean le bassiste rock, Griff le batteur jazz, et Jasper l’inclassable guitariste. Chacun a déjà connu des demi-succès mais c’est en se réunissant que le génie naît et avec lui la notoriété, d’abord localement en Angleterre, puis sur la scène internationale. C’est cette maturation que le roman raconte, il donne à voir l’esprit de groupe, le mystère de la créativité (trois d’entre eux sont des song writers, et le batteur… bah c’est le batteur), la flamme des concerts, les espoirs et les désillusions, la question de l’argent. Mais en chapitres alternés, ce sont aussi leurs trajectoires individuelles et personnelles qui se dévoilent, des vies traversées par des drames.David Mitchell, auteur de l’excellent et remarqué Cartographie des nuages, signe un roman fort, dans lequel on croise les grands noms de la scène rock des  années 60 :...

"Un ciel si bleu" de T.C. BOYLE

  On connaît l’intérêt que TC Boyle porte aux questions d’environnement et d’écologie. Pour preuve des romans comme Un ami de la Terre ou Après le carnage .  Avec Un ciel si bleu , il monte d’un cran et nous livre la vision alarmante et à très court terme de notre avenir qu’il juge condamné. Habilement, il choisit de camper son intrigue dans deux états symboles de l’Amérique : d’un côté la Californie, chaude et incendiée, mais concernée, à l’image de Cooper, entomologiste éco-anxieux qui convainc sa mère de cuisiner des insectes plutôt que de la viande ; de l’autre la Floride, chaude et inondée, mais insouciante, comme sa sœur Cat, partie s’installer avec son amoureux à Miami et qui tente de percer comme influenceuse. Au grand dam de son frère, la voilà propriétaire d’un python, qu’elle utilise comme un accessoire de mode…   Dans une succession croisée de chapitres, les alertes puis les catastrophes climatiques s’abattent sur ces personnages, dans une prog...

"California Girls" de Simon LIBERATI

Los Angeles, début des années 70. Dans une villa de Hollywood, Sharon Tate et son groupe d'amis sont assassinés sauvagement par un commando de jeunes gens embrigadés par le gourou Charles Manson. Ce fait divers a marqué l'histoire à plus d'un titre : l'atrocité du massacre, perpétré en partie par des jeunes filles, le fait que Sharon Tate était la compagne de Roman Polanski et surtout qu'elle était enceinte. Simon Liberati reconstitue les heures et les journées qui ont précédé et suivi le massacre, et détaille longuement ce qu'il imagine de celui-ci. Les points de vue adoptés sont tour à tour ceux des victimes et surtout ceux des tueurs, aux profils divers, mais tous sous l'emprise totale de leur gourou. On a beaucoup dit que ce massacre avait signé la fin de l'ère hippie. Mais dans cette "secte", l'idéologie, sinon le mode de vie, n'a pas à grand-chose à voir avec le flower power : haine des "nègres", qui causeraient la pert...