Faux polar, vrai récit introspectif, réaliste évocation du Havre… Des trois axes du dernier roman de Maylis de Kerangal, je retiens le dernier, le seul qui m’a capté (car c’est une ville que je connais bien), et sans lequel je ne serai sans doute pas allée au bout des pages. On le sait, Le Havre et son architecture rythmique est un pur décor de film, la ville est ici un personnage à part entière, riche en nuances de caractère : tour à tour portuaire, urbaine ou balnéaire, elle aide l’héroïne à avancer ou se dérobe et la perd. Les déambulations qui forment le récit, et c’est notable, sont exactes dans leur enchaînement (mais peut-être a-t-elle introduit un « fake » : je ne reconnais absolument pas le cinéma dont elle parle et le passage dans lequel il se trouve).
Reprenons… L’intrigue du faux polar est tout de même trop convenue pour s’y accrocher plus que les quelques pages du début. Et pas de résolution à la fin, bon, pourquoi pas. Le récit introspectif a quelques fulgurances, mais le « je » , d’un maniement difficile et inhabituel dans son oeuvre, ne sied pas à la romancière. Il n’évite pas / encourage les lourdeurs psychologiques, comme cette symbolique appuyée du métier de l’héroïne (elle est doubleuse de film), comme si l’histoire d’amour adolescente au coeur du mystère avait contaminé d’une certaine naïveté jusqu’à l’écriture de MdK.
IsaH
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