Accéder au contenu principal

Lecture terminée : "A la table des loups" d'Adam RAPP

[Lecture en cours] Adam Rapp, dramaturge et romancier reconnu aux Etats-Unis, fait l'objet d'une première traduction en français avec cette "table des loups" intrigante. Le premier chapitre se passe en 1951 dans une petite ville de l'Etat de New York, et présente la famille de la jeune Myra. Cette dernière évolue dans un environnement très catholique, et en tant qu'aînée de nombreux frères et soeurs, elle seconde sa mère à la maison. Sa seule échappée consiste à se rendre dans un diner après la messe, où la serveuse lui passe sous le manteau un roman qu'elle dévore, et qui raconte la fugue vers New York d'un adolescent prénommé Holden (on reconnaitra "L'Attrape-coeurs" de Salinger).  Un jeune homme l'aborde et la reconduit chez elle, puis un évènement dramatique survient... Le deuxième chapitre, dix ans plus tard, suit cette fois un des frères, Alec, gamin voleur et turbulent, devenu adulte. Comme Myra dans le premier chapitre, il cro...

Des prix bien mérités en 2021 (1) : Nothomb et Angot

 

Premier sang Amélie Nothomb

Ma critique commence par un paradoxe : mieux vaut ne rien savoir du roman avant de le lire. On goûte ainsi tout le sel narratif sans l’"encombrement" affectif de savoir qu’Amélie évoque un aspect très personnel. Certes on apprend vite que la famille du personnage principal s’appelle Nothomb, mais après tout cela pourrait être une coquetterie ou un tour de passe-passe d’une romancière volontiers  joueuse.

A la manière d’un conte, la vie de Patrick Nothomb est évoquée : son enfance sans père, un militaire mort bêtement lors d’un exercice de déminage dans sa vingtaine, une mère inconsolable et indifférente, mais des grands parents maternels aimants qui vont l’élever. Jugé trop sensible et protégé par son grand-père, il est envoyé en vacances dans la famille paternelle. Une famille au mode de vie pour le moins singulier, qui va marquer la vie du petit garçon.

Un prix Renaudot en 2021 mille fois mérité pour cette romancière considérée parfois avec un peu de condescendance et qui rappelle à tout le monde qu’elle a tout d’une grande.


Le voyage dans l’Est Christine Angot

Y-a-t-il , en interview, auteur plus agaçant et clivant que Christine Angot ? Pour moi, non. Y-a-t-il , en autofiction, auteur plus convaincant que Christine Angot ? Pour moi, non (à part Annie Ernaux qui échappe de toutes façons à la catégorisation).

J’ouvre le Voyage dans l’Est en me disant qu’il va me tomber des mains, vu que c’est son troisième livre sur l’inceste qu’elle a subi. Et, page après page, sa langue incisive, sans artifice, et tellement éloignée du témoignage, me convainc de continuer. Sa colère est transcendée par l’écriture et vous foudroie plus d’une fois, là où elle provoque plutôt de la gêne à l’oral.
Elle non plus n'a pas volé son Prix Médicis.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Uncut Gems" des frères Saftie

Petit essai de vidéo, faite au temps du Covid... Ce film est de 2019.

Les derniers jours de l'apesanteur de Fabrice CARO

Dans la lignée de François Bégaudeau et Nicolas Mathieu, en mode mineur mais en plus drôle, Fabrice Caro nous livre le récit à la première personne de l'année de Terminale de Daniel, à la fin des années 80. Daniel se remet difficilement de s'être fait larguer par Cathy Mourier pour ce crétin de Gilles Rouquet (j'adore la litanie des prénoms/noms des élèves tout au long du roman, qui donne un air de réalité à l'ensemble, je suis sûre que ce sont des noms d'anciens camarades de l'auteur...). Et pourtant, il avait tout donné pour elle : "Elle admirait Sting pour son implication dans la défense de la forêt amazonienne aux côtés du chef Raoni ? J'étais à deux doigts de venir au lycée le lendemain avec un plateau de terre cuite coincé dans la lèvre inférieure..." Du coup il traîne avec ses deux copains Marc et Justin, qui sont dans sa classe de Terminale C, se chicane avec son petit frère métalleux, et accepte de donner des cours de maths à une collé...

"Le Goût des secrets" de Jodi PICOULT et Jennifer Finney BOYLAN

Un roman américain, d’une romancière que j’apprécie, Jodi Picoult, des chapitres alternant deux points de vue sur l’histoire, tout pour me plaire ! Mais difficile d’en parler sans spoiler l’intrigue, et je ne souhaite pas dévoiler la révélation faite au milieu du roman (rien que de dire ça, c’est déjà trop!). Une jeune fille, Lily, est retrouvée gisant au pied de son escalier par son petit ami, Asher. Il est assez vite soupçonné, et le roman adopte en parallèle le point de vue d’Olivia, la mère d’Asher, qui raconte les suites policières et judiciaires de l’affaire, et celui de Lily, qui relate les mois précédant sa mort et sa relation avec le jeune homme. Une construction habile qui fait du récit un « page turner ». Asher a-t-il tué Lily ? Le suspense est très bien tenu, le doute envahit même sa mère, victime de maltraitances conjugales et qui cherche (trouve) en son fils des indices qui le rapprocheraient de son père sur ce point. Et puis il aurait un mobile, don...