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Lecture terminée : "A la table des loups" d'Adam RAPP

[Lecture en cours] Adam Rapp, dramaturge et romancier reconnu aux Etats-Unis, fait l'objet d'une première traduction en français avec cette "table des loups" intrigante. Le premier chapitre se passe en 1951 dans une petite ville de l'Etat de New York, et présente la famille de la jeune Myra. Cette dernière évolue dans un environnement très catholique, et en tant qu'aînée de nombreux frères et soeurs, elle seconde sa mère à la maison. Sa seule échappée consiste à se rendre dans un diner après la messe, où la serveuse lui passe sous le manteau un roman qu'elle dévore, et qui raconte la fugue vers New York d'un adolescent prénommé Holden (on reconnaitra "L'Attrape-coeurs" de Salinger).  Un jeune homme l'aborde et la reconduit chez elle, puis un évènement dramatique survient... Le deuxième chapitre, dix ans plus tard, suit cette fois un des frères, Alec, gamin voleur et turbulent, devenu adulte. Comme Myra dans le premier chapitre, il cro...

Le Havre d'Aki Kaurismäki

Ma ville natale attire de plus en plus les cinéastes. Sa lumière, son architecture graphique, l'ambiance, au choix portuaire ou balnéaire, en font un décor de choix. Aki Maurismaki y a rajouté les havrais, avec accent, trogne et gouaille quasi parigote... Ils entourent avec poésie les héros de cette histoire en forme de conte, qui allie la lenteur aride des films scandinaves et le "feel good movie". J'entendais Cedric Kahn expliquer qu'il avait choisi exprès des héros jeunes, beaux et connus pour son film social sur le surendettement (Une vie meilleure) afin d' accentuer l'effet d'identification... Aki le finlandais fait tout le contraire, il met en scène des cabossés de la vie et leurs visages souvent filmés en gros plan révèlent toute leur dignité. André Wilms et sa partenaire finlandaise vivent une histoire d'amour qui nous étreint, le gamin clandestin dans son opacité même est bouleversant, et les seconds rôles, Darroussin en tête, font des merveilles. C'est souvent drôle, grâce à André Wilms, lunaire, et au phrasé très châtié de tous ces "gens de peu". Les éléments de décor (voitures, vêtements,...) mélangent les époques, créant une confusion visuelle très poétique. On a envie de croire à cette histoire de solidarité entre gens qui n'ont rien, aidés par un commissaire a priori intransigeant, mais que désarmera toujours le regard d'un innocent, surtout si c'est un enfant.
IsaH

Commentaires

Ann a dit…
Oui c'est fou comme Le Havre est devenu mode depuis peu dans les milieux branchés parisiens. On ne compte plus les amis qui veulent découvrir cette ville.Il faut dire merci qui? merci Aki!!
Un beau film sur un beau sujet avec des acteurs convaincants, que du bonheur et avec Ti Bob en prime.........

Ann

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