Accéder au contenu principal

"Connemara" de Nicolas MATHIEU


Le dernier Nicolas Mathieu m’est tombé des mains. Bizarre, j’avais bien aimé les précédents. Plusieurs raisons à cela : 
1) l’auteur ne se renouvelle pas (certes ce n’est pas le seul, mais n’est pas Angot qui veut) 
2) Je ne suis pas fan des consultants, mais sa charge contre eux est vraiment vue et revue, on a l’impression de lire un tract de la France Insoumise. Préférez l’original (ou pas, c’est vous qui voyez). Sa vision de la fonction publique territoriale (que je connais bien), est, comment dire, pas vraiment fausse, mais tellement caricaturale que le message se perd. 
3) Je l’ai lu juste après avoir dévoré le dernier Houellebecq. Encore un qui ne se renouvelle pas beaucoup me direz-vous. Mais "Anéantir" est particulièrement réussi, toujours drôle par fulgurances, déprimant comme à l’accoutumée, avec une coloration empathique plus inhabituelle. D’où vient que Mathieu, très estimable romancier, a mal supporté la comparaison avec Houellebecq ? Je ne sais pas, Houellebecq s’empare pourtant aussi des sujets du moment, mais avec bien souvent de l’avance. Il a l’air de droite, mais c’est plus compliqué que cela, alors que Mathieu est « totalement de gauche » sans décalage ni distance.

Il n’y a qu’un registre que Nicolas Mathieu domine parfaitement, un peu comme Bégaudeau, c’est l’évocation de l’adolescence. Les flash back sur la jeunesse de l’héroïne décollent tout de suite. J’ai compris pourquoi ses précédents romans étaient meilleurs, la jeunesse en était l’unique sujet.
IsaH

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Quichotte" de Salman Rushdie

Toute ma vie de lectrice, j’étais passée à côté de Salman Rushdie, son œuvre m’était comme masquée par le « bruit » de l’ignoble fatwa, et la dimension magique de la plupart de ses récits (ce n’est pas ma tasse de thé) ne m’encourageait pas à le lire. J’en suis venue à l’aborder quand, installé aux Etats-Unis, il a situé ses romans dans ce pays. Intriguée par le résumé de la Maison Golden qui, fidèle à la réputation de Rushdie, semblait foisonnant et plein de références, mais dont les enjeux narratifs étaient clairs et qui a la grande qualité de se dérouler à New York, je l’ai lu avec passion. Et logiquement, j’ai regardé de près la quatrième de couverture de Quichotte, paru à l'automne 2020 : la promesse d’un road trip à travers les USA, un vieil indien (d’Inde bien sûr) amoureux d’une star de la téléréalité... Bref, j’ai plongé dans ce mastodonte (private joke pour ceux qui l’ont lu) de 430 pages. Et mon esprit cartésien n’a pas résisté à la fantaisie pleine de sens du récit...

"Tout le monde aime Jeanne" de Céline DEVAUX

Un samedi soir, je tombe par hasard à la télé sur un film qui commençait, avec Blanche Gardin, que j’aime beaucoup. Vite happée par son jeu et le dispositif scénaristique de la voix intérieure sur des images d’animation hilarantes et pleines de sens, je regarde jusqu’au bout cette histoire de dépression, de deuil et de rencontre, dont j’apprends plus tard que c’est un premier film. Chapeau… Je ne suis pas toujours fan de Laurent Lafitte, mais son duo avec Blanche Gardin fonctionne. Marthe Keller, la mère disparue, Nuno Lopes l'ex portugais, et Maxence Tual le frère affectueux, sans oublier les enfants, chaque acteur est parfaitement choisi et joue sa partition. Il y a bien quelques longueurs, mais aussi des images sublimes de Lisbonne, et surtout le visage changeant de Blanche/Jeanne, tour à tour beau ou ingrat, avec son regard inimitable, entre désespoir et ironie ; on retrouve, en moins trash, la Blanche qu’on connaît sur scène. A noter que c'est la réalisatrice elle-mê...

"Les Autres" d'Alice FERNEY

Une soirée en famille. Théo fête ses 20 ans, avec sa mère, son frère, sa fiancée et quelques amis. La grand-mère, centenaire et très malade, est dans son lit, quelque part dans la maison. Le père ne fait que passer. Niels offre à son frère Théo un jeu "Personnages et caractères". Une sorte de jeu de la vérité : on tire des cartes avec des questions plus ou moins personnelles, qu’on choisit de poser à tel ou tel participant. Evidemment la partie de plaisir devient un jeu de massacre, et les secrets, rancoeurs et tensions se révèlent au grand jour. Ultra classique, me direz-vous. L’originalité du roman est ailleurs, dans sa forme. On commence avec une suite de courts monologues intérieurs des différents protagonistes, qui nous dévoilent peu à peu l’intrigue, indirectement ("Choses pensées"). Les caractères de chacun sont plantés, et le fil de la soirée, avec tous ses rebondissements, est dévoilé entièrement à la fin de cette partie. On apprend ainsi très vite, que Mar...