Accéder au contenu principal

Le passé continu de Neel MUKHERJEE

Ce premier roman de l'indien Neel Mukherjee (écrit en anglais) a été très remarqué à sa sortie, et ce n'est pas étonnant. Sa maîtrise et son talent, pour un coup d'essai, forcent l'admiration.
Un roman original, foisonnant qui se déploie sur plusieurs plans en mettant en perspective différentes époques et différents personnages, tous aussi passionnants les uns que les autres. Nous passons ainsi de la vie à Calcutta dans la 2de moitié du 20ème siècle, aux bas-fonds de Londres dans les années 90, de la partition du Bengale en 1905 au monde glauque de la traite des travailleurs immigrés illégaux en Angleterre, en passant par l'ornithologie(!)
En bref, et pour être plus précise : dans les années 90, Ritwik, qui vit à Calcutta dans une famille qui s'est toujours battue contre la misère, perd ses 2 parents. Brillant élève, il obtient une bourse pour aller étudier à Londres.
Là, en même temps qu'il découvre le monde étudiant cosmopolite en Angleterre, il commence un roman consacré à la partition du Bengale et parallèlement s'enfonce dans les bas-fonds, poussé par une homosexualité qui s'exprime dans des situations scabreuses. Jusqu'à ce qu'il entre au service d'une très vieille dame, qu'il soigne et dorlote. Est-ce le temps de la rédemption ?
Le temps passe, la bourse comme le visa d'étudiant ont expiré, et pour ne pas abandonner la vieille Anne Cameron, Ritwik devient un immigré clandestin, qui va grossir les rangs de ceux qui recherchent tous les matins à se vendre à des employeurs-négriers (ici on pense au terrible "It's a free world" de Ken Loach).
On passe des couleurs indiennes (mais on est loin de Bollywood), au gris puis au noir de l’Angleterre. Les deux histoires se renvoient l'une à l'autre, et se nourrissent l'une de l'autre. Vous l'aurez compris, un excellent roman.
Cath

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Quichotte" de Salman Rushdie

Toute ma vie de lectrice, j’étais passée à côté de Salman Rushdie, son œuvre m’était comme masquée par le « bruit » de l’ignoble fatwa, et la dimension magique de la plupart de ses récits (ce n’est pas ma tasse de thé) ne m’encourageait pas à le lire. J’en suis venue à l’aborder quand, installé aux Etats-Unis, il a situé ses romans dans ce pays. Intriguée par le résumé de la Maison Golden qui, fidèle à la réputation de Rushdie, semblait foisonnant et plein de références, mais dont les enjeux narratifs étaient clairs et qui a la grande qualité de se dérouler à New York, je l’ai lu avec passion. Et logiquement, j’ai regardé de près la quatrième de couverture de Quichotte, paru à l'automne 2020 : la promesse d’un road trip à travers les USA, un vieil indien (d’Inde bien sûr) amoureux d’une star de la téléréalité... Bref, j’ai plongé dans ce mastodonte (private joke pour ceux qui l’ont lu) de 430 pages. Et mon esprit cartésien n’a pas résisté à la fantaisie pleine de sens du récit...

"Tout le monde aime Jeanne" de Céline DEVAUX

Un samedi soir, je tombe par hasard à la télé sur un film qui commençait, avec Blanche Gardin, que j’aime beaucoup. Vite happée par son jeu et le dispositif scénaristique de la voix intérieure sur des images d’animation hilarantes et pleines de sens, je regarde jusqu’au bout cette histoire de dépression, de deuil et de rencontre, dont j’apprends plus tard que c’est un premier film. Chapeau… Je ne suis pas toujours fan de Laurent Lafitte, mais son duo avec Blanche Gardin fonctionne. Marthe Keller, la mère disparue, Nuno Lopes l'ex portugais, et Maxence Tual le frère affectueux, sans oublier les enfants, chaque acteur est parfaitement choisi et joue sa partition. Il y a bien quelques longueurs, mais aussi des images sublimes de Lisbonne, et surtout le visage changeant de Blanche/Jeanne, tour à tour beau ou ingrat, avec son regard inimitable, entre désespoir et ironie ; on retrouve, en moins trash, la Blanche qu’on connaît sur scène. A noter que c'est la réalisatrice elle-mê...

"Les Autres" d'Alice FERNEY

Une soirée en famille. Théo fête ses 20 ans, avec sa mère, son frère, sa fiancée et quelques amis. La grand-mère, centenaire et très malade, est dans son lit, quelque part dans la maison. Le père ne fait que passer. Niels offre à son frère Théo un jeu "Personnages et caractères". Une sorte de jeu de la vérité : on tire des cartes avec des questions plus ou moins personnelles, qu’on choisit de poser à tel ou tel participant. Evidemment la partie de plaisir devient un jeu de massacre, et les secrets, rancoeurs et tensions se révèlent au grand jour. Ultra classique, me direz-vous. L’originalité du roman est ailleurs, dans sa forme. On commence avec une suite de courts monologues intérieurs des différents protagonistes, qui nous dévoilent peu à peu l’intrigue, indirectement ("Choses pensées"). Les caractères de chacun sont plantés, et le fil de la soirée, avec tous ses rebondissements, est dévoilé entièrement à la fin de cette partie. On apprend ainsi très vite, que Mar...