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Lecture terminée : "A la table des loups" d'Adam RAPP

[Lecture en cours] Adam Rapp, dramaturge et romancier reconnu aux Etats-Unis, fait l'objet d'une première traduction en français avec cette "table des loups" intrigante. Le premier chapitre se passe en 1951 dans une petite ville de l'Etat de New York, et présente la famille de la jeune Myra. Cette dernière évolue dans un environnement très catholique, et en tant qu'aînée de nombreux frères et soeurs, elle seconde sa mère à la maison. Sa seule échappée consiste à se rendre dans un diner après la messe, où la serveuse lui passe sous le manteau un roman qu'elle dévore, et qui raconte la fugue vers New York d'un adolescent prénommé Holden (on reconnaitra "L'Attrape-coeurs" de Salinger).  Un jeune homme l'aborde et la reconduit chez elle, puis un évènement dramatique survient... Le deuxième chapitre, dix ans plus tard, suit cette fois un des frères, Alec, gamin voleur et turbulent, devenu adulte. Comme Myra dans le premier chapitre, il cro...

Kaameloot, série d'Alexandre ASTIER

Qui a dit que les français étaient nuls en série télé ? Moi... exception faite d'Alexandre Astier et son génial Kaamelott. Dans mon entourage, peu de personnes l'ont vu, ce qui m'étonne. Mais peut-être est-ce la diffusion sur M6 (chaîne culturellement peu correcte !) qui a dévalorisé cette série pourtant tellement aboutie, et tellement drôle.
Sur 6 saisons (la dernière est un préquelle magistral), on suit la vie quotidienne du roi Arthur et de ses chevaliers, à la recherche du Saint Graal... Ca vous rappelle quelque chose ? Eh oui les Monty Python ne sont pas loin, même si le ressort humoristique n'est pas le même. 
Là où les anglais misaient sur l'absurde, le français joue à fond la carte de l'anachronisme.
Dans le registre de langage : la moitié des personnages s'expriment dans une langue châtiée qu'on attribuerait naturellement aux chevaliers de la table ronde, l'autre moitié parle en Audiard dans le texte, et certains, comme Perceval, Karadoc ou Yvain se battent avec le vocabulaire (et ne gagnent jamais...).
Anachronisme des situations : les réunions de la table ronde font furieusement penser au monde du travail d'aujourd'hui, Arthur est un roi/ manager entouré de chevaliers/collaborateurs bien typés : un adjoint efficace mais arrogant et peut-être fourbe (Lancelot), des braves gars pas doués mais pleins de bonne volonté (Perceval en tête, sans doute le meilleur personnage de la série, et l'ineffable Merlin, qui ne réussit jamais aucun de ses sorts...), des opposants frontaux qui veulent lui piquer sa place (Léodagan, le beau-père) etc...
Dans cet épisode Arthur doit résoudre un conflit (récurrent) entre son beau-père Léodagan et le chevalier Bohort, qui veulent organiser deux bals le même jour, la scène d'ouverture montre la "bonne ambiance" avec sa belle-mère, dame Séli... http://www.kaamelott.info/livre-3/58-les-festivites.html
C'est Alexandre Astier lui-même qui joue Arthur, personnage complexe qui au fil des saisons évolue du pur comique (il rend un hommage appuyé à Louis de Funés) à des aspects plus sombres et plus humains (le manque d'enfant). Sa femme, Guenièvre, à qui il est marié pour l'intérêt de l'union des clans, est une gourde (géniale Anne Girouard) et leur mariage n'est pas consommé, car Arthur fait un blocage sexuel... Or le royaume a besoin d'un héritier et Arthur rêve d'un fils à aimer.
Kaamelott fait partie de ces séries qu'on peut revoir à l'infini, tant il y a de  lectures possibles, sociales je l'ai dit, mais aussi politiques (Arthur est un roi progressiste qui protège les paysans), religieuses (l'émergence de la chrétienté et du dieu unique n'a pas éliminé tout à fait les anciennes croyances), les parallèles avec notre monde contemporain foisonnent. Si la légende arthurienne est quelque peu malmenée par le scénario, on sent quand même qu'Aster maîtrise et respecte son sujet, pour preuve les DVD bonus  très intéressants et très documentés sur l'épopée d'Arthur.
Mais avant toute chose, et pas besoin de se réfugier derrière un quelconque message ou alibi culturel, Kaamelott est extrêmement drôle, efficace comme les meilleures sitcoms américaines, une phrase/un rire, et basé
sur un comique de répétition des situations, une bible imparable des personnages qui sur la durée est redoutable pour les zygomatiques.
Alexandre Astier travaille en famille : son père joue son beau-père Léodagan, et son frère joue son beau-frère Yvain, le frère de Guenièvre. Ce personnage d'ado attardé parle comme un jeune d'aujourd'hui et, c'est sa mère qui le dit, c'est pas une flèche...Les repas de famille chez les Astier, ça doit être quelque chose !
http://www.youtube.com/watch?v=bo9JWuaD1v4
Alexandre Astier était sur la scène des césars cette année. Très discret, on parle peu de lui, et pourtant il sait tout faire : scénariste, réalisateur, acteur et même compositeur de la musique du générique. Mais lorsqu'on voit le casting s'enrichir au fil des saisons avec des pointures comme Patrick Chesnay, Patrick Bouchitey ou Pierre Mondy (génial Jules César vieillissant ! sic), on se dit que son talent n'est pas passé inaperçu pour tout le monde. Vous croiserez également Antoine de Caunes, dans un rôle récurrent de chevalier pas finaud et traître, Elie Semoun en inquisiteur survolté et ignoble, mais aussi Didier Bénureau, Bernard Lecoq, Guy Bedos et beaucoup d'autres venus pour parfois juste quelques minutes dans un épisode incarner un personnage de Kaamelott. Mais le sel de la série sont les acteurs anonymes qui traversent toutes les saisons et qui creusent leur personnage, la troupe des chevaliers et la famille d'Arthur. Ils méritent vraiment le détour.
IsaH
Retrouvez l'intégralité des épisodes de Kaamelott en streaming gratuit sur
http://www.kaamelott.info/

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