[Lecture en cours] Adam Rapp, dramaturge et romancier reconnu aux Etats-Unis, fait l'objet d'une première traduction en français avec cette "table des loups" intrigante. Le premier chapitre se passe en 1951 dans une petite ville de l'Etat de New York, et présente la famille de la jeune Myra. Cette dernière évolue dans un environnement très catholique, et en tant qu'aînée de nombreux frères et soeurs, elle seconde sa mère à la maison. Sa seule échappée consiste à se rendre dans un diner après la messe, où la serveuse lui passe sous le manteau un roman qu'elle dévore, et qui raconte la fugue vers New York d'un adolescent prénommé Holden (on reconnaitra "L'Attrape-coeurs" de Salinger). Un jeune homme l'aborde et la reconduit chez elle, puis un évènement dramatique survient... Le deuxième chapitre, dix ans plus tard, suit cette fois un des frères, Alec, gamin voleur et turbulent, devenu adulte. Comme Myra dans le premier chapitre, il cro...

Attendu comme l'évènement de la rentrée littéraire de janvier 2008, le dernier roman du géant des lettres américaines, Cormac McCarthy, tient toutes ses promesses. La route, c'est celle que prennent, à pied, un père et son jeune fils, pour rejoindre le sud, dans une Amérique du Nord post-apocalyptique. Ils recherchent la chaleur, au moins la chaleur, dans l'univers de désolation qu'est devenu leur monde. Que s'est-il passé, on ne le saura pas. Mais les Etats-Unis ne sont plus que cendres et vestiges de civilisation fantômatiques, où errent de pauvres gens comme nos héros. Tous redoutent de croiser les "méchants", comme dit le petit garçon. Ceux qui dépècent (et dévorent) leurs semblables.
Quelque part entre références bibliques et Mad Max (pour les décors), Cormac McCarthy nous livre un roman à la fois très littéraire, et très visuel. Les premières pages, situant peu les personnages et le contexte, m'ont fait craindre que l'auteur ne tienne pas la route (pardon) sur tout le récit. Et puis très vite, l'émotion gagne, et quelques flash backs donnent corps et vie à nos deux fuyards. Cormarc McCarthy creuse encore ici sa thématique fétiche, le mal. Son écriture, simple et ample à la fois, décrit par le menu le tragique quotidien des personnages, puis prend soudain de la hauteur, pour faire décoller le récit vers une parabole sur la malédiction de l'humanité.
Isabelle
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