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Lecture terminée : "A la table des loups" d'Adam RAPP

[Lecture en cours] Adam Rapp, dramaturge et romancier reconnu aux Etats-Unis, fait l'objet d'une première traduction en français avec cette "table des loups" intrigante. Le premier chapitre se passe en 1951 dans une petite ville de l'Etat de New York, et présente la famille de la jeune Myra. Cette dernière évolue dans un environnement très catholique, et en tant qu'aînée de nombreux frères et soeurs, elle seconde sa mère à la maison. Sa seule échappée consiste à se rendre dans un diner après la messe, où la serveuse lui passe sous le manteau un roman qu'elle dévore, et qui raconte la fugue vers New York d'un adolescent prénommé Holden (on reconnaitra "L'Attrape-coeurs" de Salinger).  Un jeune homme l'aborde et la reconduit chez elle, puis un évènement dramatique survient... Le deuxième chapitre, dix ans plus tard, suit cette fois un des frères, Alec, gamin voleur et turbulent, devenu adulte. Comme Myra dans le premier chapitre, il cro...

"L'Ogre" de Jacques CHESSEX



Jean Calmet, 40 ans, professeur de latin en lycée, assiste à l'incinération de son père, en Suisse. Tout de suite, le ton est donné, les personnages sont en place, la situation doit évoluer : la mort de l'un va-t-elle permettre la vie de l'autre ? Pourquoi en est-on là ? Que s'est-il passé ? Que se passe-t-il dans la tête -et dans le corps- de Jean Benjamin Calvet ?
Roman de paradoxes :
- années 70 / années intemporelles
- écriture (vocabulaire, syntaxe, construction) riche et précise / écriture simple, parfois simplifiée à l'extrême, sans fioriture, "scalpelisée" (cf "Le vampire de Ropraz)
- sentiments et situation décortiqués / sentiments et situation réduits à leur plus simple expression
- espoir pour Jean Calmet / désespoir pour Jean Benjamin Calmet
- abandonner ce fantoche à son sort / sympathiser avec ce fantôme qui tente de quitter l'ombre du père ?
- rejet/ identification
- indifférence / empathie, compassion
- oppression / libération ?
Peut-on gagner sa liberté ? Que reste-il après avoir été dévoré ? Bref, un prix Goncourt (1973) qui n'a pas vieilli, qui touche à tous les âges. Le cycle d'une vie "mal- menée". Chronique d'un destin ordinaire, chronique d'un destin particulier.
Entrez dans l'intimité de Jean Benjamin Calmet, homme qui ne cesse de répéter l'enfance, enfant qui ne cesse de chercher encore et toujours sa vie d'homme, une vie propre (dans tous les sens du terme) ...
Laurence V.

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