J’ai lu deux romans sur le monde du travail, monde de plus en plus exploré par les jeunes plumes de la littérature contemporaine : "Marge brute" de Laurent Quintreau, dont on parle beaucoup et "Gagner sa vie" de Fabienne Swiatly, dont on parle beaucoup moins.
Si Laurent Quintreau dresse en onze scènes un compte rendu hallucinatoire de deux heures d’un comité de direction dans une grande entreprise de com, Fabienne Swiatly nous livre en treize tableaux le curriculum vitae d’une vie d’emplois successifs, qu’on devine être la sienne. Fable caustique et mordante d’un côté, récit réaliste et émouvant de l’autre…
Si Laurent Quintreau dresse en onze scènes un compte rendu hallucinatoire de deux heures d’un comité de direction dans une grande entreprise de com, Fabienne Swiatly nous livre en treize tableaux le curriculum vitae d’une vie d’emplois successifs, qu’on devine être la sienne. Fable caustique et mordante d’un côté, récit réaliste et émouvant de l’autre…


Laurent Quintreau a davantage séduit les critiques, c’est normal, son livre est plus flamboyant, plus brillant, sans doute plus réussi, mais dans un registre plus facile : l’attaque en règle du monde des grandes entreprises, et la cruauté des fusions-acquisitions, qui obligent à dégraisser à tour de bras.
Il est 11H : le comité de direction d’une grande entreprise de communication se réunit, sous l’égide du directeur général, l’ignoble Rorty. Il est question de licenciements, du surpoids de la standardiste, si préjudiciable à l'image de l'entreprise, du solarium qui se construit sur le toit, et dont tout Paris va parler… 11 monologues intérieurs vont se succéder, dans une sorte de logorrhée où se mélangent le fil de la réunion, ressenti par chacun des protagonistes, et les obsessions, peurs, désirs et lâchetés qui traversent leur esprit. Cela donne des chapitres sans pratiquement aucune ponctuation, des pages pleines, écriture qui peut donner le pire comme le meilleur. Là on accroche, l'auteur maîtrise le procédé. Il raffine encore (trop?) les choses, en plaçant son récit sous le signe de Dante et de la Divine Comédie. 9 cercles dans l'enfer, 9 monologues, 1 au Purgatoire, 1 au paradis, et il s'appelle Alighieri… Ca n'apporte pas forcément grand-chose, mais ça fait chic… L'humanité décrite n'est pas reluisante, et au fond la charge porte davantage sur la nature humaine que sur le capitalisme triomphant. Mais après tout, ses mécanismes implacables ont été inventés par les hommes…
Isa
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