Accéder au contenu principal

"Jour de gloire" de Pascale Fonteneau

Les polars sociaux sont rares. Pascale Fonteneau mérite donc d'être applaudie pour son dernier roman, très réussi, qui installe son supense au sein d'une association de salariés licenciés suite à la délocalisation de leur usine. Il y a Sylvie, la narratrice, très désabusée, qui continue le combat, deux ans après le licenciement, plus par habitude que par conviction ; son amie Monique, la secrétaire, pasonaria de la lutte, surtout suite à son coup de foudre avec Richard, rencontré à un congrès sur l'avenir des industries textiles (sic), liaison qu'elle cache à tous sauf à Sylvie, et pour cause... ; Roger, l'ex-syndicaliste reconverti naturellement en président de l'association ; Evelyne la comptable un rien mystérieuse ces derniers temps. Et puis Magali, la fille de Monique, sélectionnée pour l'émission de télé-réalité "Une star est née"... Une occasion, une chance pour l'association de se faire entendre au niveau national, mais aussi tout simplement de "passer à la télé", ce qui émoustille tout le monde. Tous ces pions bien posés sur l'échiquier, P.Fonteneau amène savamment les meurtres là où on ne les attendait pas. Il ne faut pas en dire plus, on va de surprise en surprise jusqu'à un final explosif, qui nous laisse d'abord incrédules (l'auteur va trop loin) mais qui avec le recul clôt avec un soupçon d'irréalité mais aussi pas mal d'évidence ce désastre annoncé.
Le roman est très drôle, Pascale Fonteneau a un ton, plein d'ironie, qui pourrait rappeler certains Westlake, ceux mettant en scène John Dortmunder. Elle ne se prend pas au sérieux mais son polar se tient, et ses personnages ont le parfum de la vraie vie.
Isa

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Le Goût des secrets" de Jodi PICOULT et Jennifer Finney BOYLAN

Un roman américain, d’une romancière que j’apprécie, Jodi Picoult, des chapitres alternant deux points de vue sur l’histoire, tout pour me plaire ! Mais difficile d’en parler sans spoiler l’intrigue, et je ne souhaite pas dévoiler la révélation faite au milieu du roman (rien que de dire ça, c’est déjà trop!). Une jeune fille, Lily, est retrouvée gisant au pied de son escalier par son petit ami, Asher. Il est assez vite soupçonné, et le roman adopte en parallèle le point de vue d’Olivia, la mère d’Asher, qui raconte les suites policières et judiciaires de l’affaire, et celui de Lily, qui relate les mois précédant sa mort et sa relation avec le jeune homme. Une construction habile qui fait du récit un « page turner ». Asher a-t-il tué Lily ? Le suspense est très bien tenu, le doute envahit même sa mère, victime de maltraitances conjugales et qui cherche (trouve) en son fils des indices qui le rapprocheraient de son père sur ce point. Et puis il aurait un mobile, don...

"Quichotte" de Salman Rushdie

Toute ma vie de lectrice, j’étais passée à côté de Salman Rushdie, son œuvre m’était comme masquée par le « bruit » de l’ignoble fatwa, et la dimension magique de la plupart de ses récits (ce n’est pas ma tasse de thé) ne m’encourageait pas à le lire. J’en suis venue à l’aborder quand, installé aux Etats-Unis, il a situé ses romans dans ce pays. Intriguée par le résumé de la Maison Golden qui, fidèle à la réputation de Rushdie, semblait foisonnant et plein de références, mais dont les enjeux narratifs étaient clairs et qui a la grande qualité de se dérouler à New York, je l’ai lu avec passion. Et logiquement, j’ai regardé de près la quatrième de couverture de Quichotte, paru à l'automne 2020 : la promesse d’un road trip à travers les USA, un vieil indien (d’Inde bien sûr) amoureux d’une star de la téléréalité... Bref, j’ai plongé dans ce mastodonte (private joke pour ceux qui l’ont lu) de 430 pages. Et mon esprit cartésien n’a pas résisté à la fantaisie pleine de sens du récit...

"Tout le monde aime Jeanne" de Céline DEVAUX

Un samedi soir, je tombe par hasard à la télé sur un film qui commençait, avec Blanche Gardin, que j’aime beaucoup. Vite happée par son jeu et le dispositif scénaristique de la voix intérieure sur des images d’animation hilarantes et pleines de sens, je regarde jusqu’au bout cette histoire de dépression, de deuil et de rencontre, dont j’apprends plus tard que c’est un premier film. Chapeau… Je ne suis pas toujours fan de Laurent Lafitte, mais son duo avec Blanche Gardin fonctionne. Marthe Keller, la mère disparue, Nuno Lopes l'ex portugais, et Maxence Tual le frère affectueux, sans oublier les enfants, chaque acteur est parfaitement choisi et joue sa partition. Il y a bien quelques longueurs, mais aussi des images sublimes de Lisbonne, et surtout le visage changeant de Blanche/Jeanne, tour à tour beau ou ingrat, avec son regard inimitable, entre désespoir et ironie ; on retrouve, en moins trash, la Blanche qu’on connaît sur scène. A noter que c'est la réalisatrice elle-mê...