Accéder au contenu principal

"Les Jouets vivants" de Jean-Yves CENDREY


Vous vous souvenez peut-être de cette affaire de pédophilie, en 2001, mettant en cause un instituteur de CP dans un village normand. Il « oeuvrait »depuis des années dans un silence coupable : hiérarchie, entourage, familles… Jusqu’à ce qu'un écrivain nouvellement installé dans le village avec sa femme et ses deux enfants, Jean-Yves Cendrey, prenne le taureau par les cornes et ne fasse éclater l’affaire. Au terme d'une enquête personnelle accomplie dans la rage, Cendrey ira lui-même chercher l’instituteur un matin, devant l’école, pour l’emmener à la police. Audace payante pour l'un, sentiment hallucinant d’impunité pour l'autre : l’instituteur le suivra sans résistance. Le procès verra l’enseignant condamné, mais Jean-Yves Cendrey obligé de déménager, certains n’ayant pas pardonné l’intrusion d’un étranger dans les affaires du village.
Le livre est tout sauf un témoignage au sens télévisuel ou « Fixot » du terme. C’est un véritable objet littéraire, qui s’ouvre par une « lettre au père » (Cendrey a été un enfant maltraité) d’une grande virtuosité et d’une grande émotion. Il relate ensuite dans le détail les différentes étapes de l’affaire, en introduisant la distance nécessaire par un artifice littéraire que je vous laisse découvrir, écrivant ainsi la chronique d’un village ordinaire, de ses mesquineries et de ses peurs. Un livre dérangeant mais sans complaisance sur un sujet délicat.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Quichotte" de Salman Rushdie

Toute ma vie de lectrice, j’étais passée à côté de Salman Rushdie, son œuvre m’était comme masquée par le « bruit » de l’ignoble fatwa, et la dimension magique de la plupart de ses récits (ce n’est pas ma tasse de thé) ne m’encourageait pas à le lire. J’en suis venue à l’aborder quand, installé aux Etats-Unis, il a situé ses romans dans ce pays. Intriguée par le résumé de la Maison Golden qui, fidèle à la réputation de Rushdie, semblait foisonnant et plein de références, mais dont les enjeux narratifs étaient clairs et qui a la grande qualité de se dérouler à New York, je l’ai lu avec passion. Et logiquement, j’ai regardé de près la quatrième de couverture de Quichotte, paru à l'automne 2020 : la promesse d’un road trip à travers les USA, un vieil indien (d’Inde bien sûr) amoureux d’une star de la téléréalité... Bref, j’ai plongé dans ce mastodonte (private joke pour ceux qui l’ont lu) de 430 pages. Et mon esprit cartésien n’a pas résisté à la fantaisie pleine de sens du récit...

"Tout le monde aime Jeanne" de Céline DEVAUX

Un samedi soir, je tombe par hasard à la télé sur un film qui commençait, avec Blanche Gardin, que j’aime beaucoup. Vite happée par son jeu et le dispositif scénaristique de la voix intérieure sur des images d’animation hilarantes et pleines de sens, je regarde jusqu’au bout cette histoire de dépression, de deuil et de rencontre, dont j’apprends plus tard que c’est un premier film. Chapeau… Je ne suis pas toujours fan de Laurent Lafitte, mais son duo avec Blanche Gardin fonctionne. Marthe Keller, la mère disparue, Nuno Lopes l'ex portugais, et Maxence Tual le frère affectueux, sans oublier les enfants, chaque acteur est parfaitement choisi et joue sa partition. Il y a bien quelques longueurs, mais aussi des images sublimes de Lisbonne, et surtout le visage changeant de Blanche/Jeanne, tour à tour beau ou ingrat, avec son regard inimitable, entre désespoir et ironie ; on retrouve, en moins trash, la Blanche qu’on connaît sur scène. A noter que c'est la réalisatrice elle-mê...

"Les Autres" d'Alice FERNEY

Une soirée en famille. Théo fête ses 20 ans, avec sa mère, son frère, sa fiancée et quelques amis. La grand-mère, centenaire et très malade, est dans son lit, quelque part dans la maison. Le père ne fait que passer. Niels offre à son frère Théo un jeu "Personnages et caractères". Une sorte de jeu de la vérité : on tire des cartes avec des questions plus ou moins personnelles, qu’on choisit de poser à tel ou tel participant. Evidemment la partie de plaisir devient un jeu de massacre, et les secrets, rancoeurs et tensions se révèlent au grand jour. Ultra classique, me direz-vous. L’originalité du roman est ailleurs, dans sa forme. On commence avec une suite de courts monologues intérieurs des différents protagonistes, qui nous dévoilent peu à peu l’intrigue, indirectement ("Choses pensées"). Les caractères de chacun sont plantés, et le fil de la soirée, avec tous ses rebondissements, est dévoilé entièrement à la fin de cette partie. On apprend ainsi très vite, que Mar...