[Lecture en cours] Adam Rapp, dramaturge et romancier reconnu aux Etats-Unis, fait l'objet d'une première traduction en français avec cette "table des loups" intrigante. Le premier chapitre se passe en 1951 dans une petite ville de l'Etat de New York, et présente la famille de la jeune Myra. Cette dernière évolue dans un environnement très catholique, et en tant qu'aînée de nombreux frères et soeurs, elle seconde sa mère à la maison. Sa seule échappée consiste à se rendre dans un diner après la messe, où la serveuse lui passe sous le manteau un roman qu'elle dévore, et qui raconte la fugue vers New York d'un adolescent prénommé Holden (on reconnaitra "L'Attrape-coeurs" de Salinger). Un jeune homme l'aborde et la reconduit chez elle, puis un évènement dramatique survient... Le deuxième chapitre, dix ans plus tard, suit cette fois un des frères, Alec, gamin voleur et turbulent, devenu adulte. Comme Myra dans le premier chapitre, il cro...

« J’apprends » est le monologue intérieur de Nadia que l’on va suivre depuis son entrée au CP jusqu’au collège. Elle nous décrit sa vie quotidienne en banlieue. On devine son histoire qui se dessine sur fond de guerre d’Algérie à une époque où le sujet est tabou aussi bien à la maison qu’à l’école. Dans sa famille il y a les non-dits et les vides de son passé ; on répond ‘’tu comprendras plus tard’’ à ses questions difficiles.
Pour cette fillette très studieuse le monde de l’école est rassurant par ses affirmations, ses règles et ses préceptes. Ces années d’apprentissage nous plongent dans un monde de papier crépon, de feutrine, de colle à papier, de crayons bien taillés, de peinture à l’eau…. L’auteur s’arrête sur des détails apparemment très simples comme la concentration nécessaire à cette petite fille qui apprend à écrire pour allonger la boucle du F ; à sa fascination pour l’énumération des curiosités de la fin de l’alphabet WXYZ. Plus loin dans les classes primaires, elle nous remémore les tables de multiplication imprimées au dos des cahiers avec la table du 5, la plus facile, celle que l’on connaît tout de suite par cœur.Ce roman, c’est aussi un descriptif des années 70 : les débuts de la TV, les émissions du samedi soir, le suicide de Mike Brant, Salut les copains…
J’ai été très touchée par ce récit ; sans doute parce qu’il correspond à peu de choses près à la description des années 70 dans lesquelles j’ai grandi et qu’il m’a permis de remonter très loin dans ma mémoire d’écolière. Mais, génération 70 ou pas, ce livre décrit de manière atemporelle une personnalité en construction avec une minutie et une justesse rares.A mon avis sa force c’est de nous plonger littéralement et sans mièvrerie dans le monde de l’enfance et de l’adolescence.
MO
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