Accéder au contenu principal

"La Tache" de Philip Roth




Je viens de terminer un pavé chez Gallimard : La Tache de Philip ROTH, monument de la littérature américaine contemporaine.
Adapté il y a quelques années au cinéma sous le titre La Couleur du mensonge, avec Anthony Hopkins et Nicole Kidman, le livre met en scène Coleman Silk, honorable doyen de faculté juif (ça a son importance) , qui sur un malentendu, un mot mal choisi pour parler de ses étudiants, va se retrouver attaqué pour racisme. Sa vie bascule d'un coup. Révolté par l'injustice, il ne veut pas céder à ceux qui lui conseillent de s'excuser, lui sait qu'il n'a rien dit d'injurieux mais dans cette Américaine corsetée par les quotas appliqués aux "minorités" et le politiquement correct, en ces années de scandale Clinton / Lewinsky, son obstination passe pour de la provocation.
Seulement Coleman Silk est loin d'être celui qu'on croit. Un long flash back revient sur sa jeunesse et le secret qui a fondé sa vie...
Un livre salutaire et malheureusement visionnaire en ces temps troublés où certains tentent de monter les "minorités" les unes contre les autres. L'Amérique raciste des années 50, envers les noirs, les juifs, est dépeinte avec beaucoup d'ampleur. L'Amérique pudibonde des années 90, qui cloua Clinton au pilori, n'est guère épargnée non plus. Beaucoup de souffle et de thèmes brassés dans ce roman majeur. Le film, que j'ai vu avant de lire le livre, était bien mais pas aussi corrosif.

Commentaires

Amélie a dit…
J'ai lu la tâche de Roth lors de sa sortie en français il y a un ou deux ans. Un grand auteur pour un superbe roman qui m'a laissé un peu mal à l'aise. Nos préjugés de lecteur sont plus tenaces qu'on ne le souhaiterait.
Je viens de me procurer le dernier Roth en anglais "The plot against America", une histoire en "et si..." : que ce serait il passé si Lindgergh, l'aviateur droitiste bien connu, avait battu Roosevelt aux élections présidentielles en 1940... A suivre !
PS: félicitations pour le blog et meilleurs voeux à tous les lecteurs de Kesketalu

Posts les plus consultés de ce blog

"Quichotte" de Salman Rushdie

Toute ma vie de lectrice, j’étais passée à côté de Salman Rushdie, son œuvre m’était comme masquée par le « bruit » de l’ignoble fatwa, et la dimension magique de la plupart de ses récits (ce n’est pas ma tasse de thé) ne m’encourageait pas à le lire. J’en suis venue à l’aborder quand, installé aux Etats-Unis, il a situé ses romans dans ce pays. Intriguée par le résumé de la Maison Golden qui, fidèle à la réputation de Rushdie, semblait foisonnant et plein de références, mais dont les enjeux narratifs étaient clairs et qui a la grande qualité de se dérouler à New York, je l’ai lu avec passion. Et logiquement, j’ai regardé de près la quatrième de couverture de Quichotte, paru à l'automne 2020 : la promesse d’un road trip à travers les USA, un vieil indien (d’Inde bien sûr) amoureux d’une star de la téléréalité... Bref, j’ai plongé dans ce mastodonte (private joke pour ceux qui l’ont lu) de 430 pages. Et mon esprit cartésien n’a pas résisté à la fantaisie pleine de sens du récit...

"Tout le monde aime Jeanne" de Céline DEVAUX

Un samedi soir, je tombe par hasard à la télé sur un film qui commençait, avec Blanche Gardin, que j’aime beaucoup. Vite happée par son jeu et le dispositif scénaristique de la voix intérieure sur des images d’animation hilarantes et pleines de sens, je regarde jusqu’au bout cette histoire de dépression, de deuil et de rencontre, dont j’apprends plus tard que c’est un premier film. Chapeau… Je ne suis pas toujours fan de Laurent Lafitte, mais son duo avec Blanche Gardin fonctionne. Marthe Keller, la mère disparue, Nuno Lopes l'ex portugais, et Maxence Tual le frère affectueux, sans oublier les enfants, chaque acteur est parfaitement choisi et joue sa partition. Il y a bien quelques longueurs, mais aussi des images sublimes de Lisbonne, et surtout le visage changeant de Blanche/Jeanne, tour à tour beau ou ingrat, avec son regard inimitable, entre désespoir et ironie ; on retrouve, en moins trash, la Blanche qu’on connaît sur scène. A noter que c'est la réalisatrice elle-mê...

"Les Autres" d'Alice FERNEY

Une soirée en famille. Théo fête ses 20 ans, avec sa mère, son frère, sa fiancée et quelques amis. La grand-mère, centenaire et très malade, est dans son lit, quelque part dans la maison. Le père ne fait que passer. Niels offre à son frère Théo un jeu "Personnages et caractères". Une sorte de jeu de la vérité : on tire des cartes avec des questions plus ou moins personnelles, qu’on choisit de poser à tel ou tel participant. Evidemment la partie de plaisir devient un jeu de massacre, et les secrets, rancoeurs et tensions se révèlent au grand jour. Ultra classique, me direz-vous. L’originalité du roman est ailleurs, dans sa forme. On commence avec une suite de courts monologues intérieurs des différents protagonistes, qui nous dévoilent peu à peu l’intrigue, indirectement ("Choses pensées"). Les caractères de chacun sont plantés, et le fil de la soirée, avec tous ses rebondissements, est dévoilé entièrement à la fin de cette partie. On apprend ainsi très vite, que Mar...