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"Revival" de Stephen KING

J'ai recommencé à lire Stephen King, après une longue parenthèse (20 ans quand même...), et c'était avec le foisonnant Dôme. Si Doctor Sleep m'est tombé des mains, j'ai dévoré 22/11/63 et le tout dernier, Revival.
La première partie du roman, celle de l'enfance du héros, Jamie, raconte sa rencontre avec le Pasteur Charles Jacobs, venu officier à Harlow, dans le Maine. C'est la partie la plus réussie, presque un roman dans le roman, écrite du point de vue de l'enfant de 7 ans, le style est donc dépourvu des quelques facilités  et commentaires qui encombrent parfois l'écriture de King. L'évocation de la famille de Jamie, de la vie des années 60 est tendre et drôle. Le pasteur partage avec Jamie sa passion pour l'électricité, et guérit son frère Connie, devenu muet suite à un accident, grâce à un procédé secret... Cette partie se clôt par le départ fracassant du pasteur, qui quitte la petite communauté sur ce que Jamie nomme le "Terrible Sermon", après une épouvantable tragédie.
Devenu guitariste de rock, Jamie sombre dans des addictions diverses et va croiser plusieurs fois la route de Charles Jacobs : d'abord en bateleur de foire avec un numéro spectaculaire utilisant l'électricité, puis en prédicateur, guérissant les malades à la chaîne lors de happenings saisissants. De plus en plus cynique, mais de plus en plus "efficace" dans son art secret, Charles Jacobs va entraîner (enchaîner) petit à petit Jamie dans son sillage, jusqu'à l'expérience ultime, mettant en œuvre une puissance électrique inconnue et sans limites.
Destin / hasard, mystère / réalité, religion / science, tous les thèmes d'un King grand cru sont réunis, avec toujours des personnages forts, attachants ou effrayants, et une réflexion sur la mort de plus en plus présente au fil de ses romans successifs. Pouvoir guérir les horreurs qu'inflige aux hommes la vie (maladies, handicaps, deuils), changer radicalement et artificiellement le cours d'une existence, fût-ce pour la prolonger, est-ce un bien ? Mais délivrer un message n'a jamais empêché Stephen King d'être (avant tout) un formidable raconteur, assouvissant notre soif d'imaginaire et de fiction.
IsaH

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