John Irving définit
son dernier roman comme une œuvre militante, ce qui est à la fois
la force et la limite d’A moi seul…. Irving entend en
effet faire le tour de toutes les différenciations sexuelles à
travers une galerie de personnages, qu’on va suivre des années 60
aux années 2000. La toile de fond passe donc d’une société
verrouillée sur ces questions, jusqu’à la (relative) ouverture
actuelle, en passant par la terrible irruption du SIDA... Le
narrateur, Bill Abott, est un adolescent sensible et indécis
sexuellement. Dans sa petite ville du Vermont, il rêve d’être
écrivain, encouragé dans cette voie par une bibliothécaire, Miss
Frost. Ambivalente et fascinante, elle sera également décisive dans
l’orientation sexuelle du jeune homme (il aimera les garçons ET les filles) … Malgré quelques longueurs, Irving excelle à nous
rendre tous ces personnages vivants et attachants. Son art consommé
du dialogue, son sens si américain des situations (parfois crues,
souvent drôles), la force des émotions (le long tunnel de deuils
des années SIDA) nous mettent en état de totale empathie. Un hymne
à la tolérance par un maître des lettres américaines, qui, avec
Bill, nous offre une fois de plus un personnage masculin dont lui
seul a le secret.
IsaH
Une soirée en famille. Théo fête ses 20 ans, avec sa mère, son frère, sa fiancée et quelques amis. La grand-mère, centenaire et très malade, est dans son lit, quelque part dans la maison. Le père ne fait que passer. Niels offre à son frère Théo un jeu "Personnages et caractères". Une sorte de jeu de la vérité : on tire des cartes avec des questions plus ou moins personnelles, qu’on choisit de poser à tel ou tel participant. Evidemment la partie de plaisir devient un jeu de massacre, et les secrets, rancoeurs et tensions se révèlent au grand jour. Ultra classique, me direz-vous. L’originalité du roman est ailleurs, dans sa forme. On commence avec une suite de courts monologues intérieurs des différents protagonistes, qui nous dévoilent peu à peu l’intrigue, indirectement ("Choses pensées"). Les caractères de chacun sont plantés, et le fil de la soirée, avec tous ses rebondissements, est dévoilé entièrement à la fin de cette partie. On apprend ainsi très vite, que Mar...
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