John Irving définit
son dernier roman comme une œuvre militante, ce qui est à la fois
la force et la limite d’A moi seul…. Irving entend en
effet faire le tour de toutes les différenciations sexuelles à
travers une galerie de personnages, qu’on va suivre des années 60
aux années 2000. La toile de fond passe donc d’une société
verrouillée sur ces questions, jusqu’à la (relative) ouverture
actuelle, en passant par la terrible irruption du SIDA... Le
narrateur, Bill Abott, est un adolescent sensible et indécis
sexuellement. Dans sa petite ville du Vermont, il rêve d’être
écrivain, encouragé dans cette voie par une bibliothécaire, Miss
Frost. Ambivalente et fascinante, elle sera également décisive dans
l’orientation sexuelle du jeune homme (il aimera les garçons ET les filles) … Malgré quelques longueurs, Irving excelle à nous
rendre tous ces personnages vivants et attachants. Son art consommé
du dialogue, son sens si américain des situations (parfois crues,
souvent drôles), la force des émotions (le long tunnel de deuils
des années SIDA) nous mettent en état de totale empathie. Un hymne
à la tolérance par un maître des lettres américaines, qui, avec
Bill, nous offre une fois de plus un personnage masculin dont lui
seul a le secret.
IsaH
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