11 novembre 2013

A moi seul bien des personnages de John IRVING


John Irving définit son dernier roman comme une œuvre militante, ce qui est à la fois la force et la limite d’A moi seul…. Irving entend en effet faire le tour de toutes les différenciations sexuelles à travers une galerie de personnages, qu’on va suivre des années 60 aux années 2000. La toile de fond passe donc d’une société verrouillée sur ces questions, jusqu’à la (relative) ouverture actuelle, en passant par la terrible irruption du SIDA... Le narrateur, Bill Abott, est un adolescent sensible et indécis sexuellement. Dans sa petite ville du Vermont, il rêve d’être écrivain, encouragé dans cette voie par une bibliothécaire, Miss Frost. Ambivalente et fascinante, elle sera également décisive dans l’orientation sexuelle du jeune homme (il aimera les garçons ET les filles) … Malgré quelques longueurs, Irving excelle à nous rendre tous ces personnages vivants et attachants. Son art consommé du dialogue, son sens si américain des situations (parfois crues, souvent drôles), la force des émotions (le long tunnel de deuils des années SIDA) nous mettent en état de totale empathie. Un hymne à la tolérance par un maître des lettres américaines, qui, avec Bill, nous offre une fois de plus un personnage masculin dont lui seul a le secret.
IsaH

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