Que se passerait-il si... ? La fiction interroge souvent le réel en changeant le cours de l'histoire et en inventant d'autres conséquences aux faits. En l'occurrence, que se serait-il passé si l'architecte, désigné pour réaliser le mémorial du 11 septembre au terme d'un concours national préservant l'anonymat des candidats, était un musulman ? Lorsque son nom, Mohamad Khan, est dévoilé au jury, composé d'artistes, de personnalités politiques et de représentants des victimes, c'est la stupeur, vite maîtrisée par le politiquement correct ou une réelle ouverture d'esprit pour certains, mais provoquant des réactions indignées teintées de racisme pour d'autres. Comment gérer cette affaire ? Faut-il faire fi de la procédure totalement transparente du concours en classant le second, dans le plus grand secret des délibérations ? Ou faut-il laisser faire, en affrontant le séisme national que provoquera immanquablement cette désignation... De ce point de départ, Amy Waldman va tricoter avec habileté l'enchaînement implacable des faits, chaque personnage incarnant un point de vue. Elle a l'audace de ne pas faire de Mohamad Khan un homme et un personnage inattaquables. Jeune homme ambitieux et totalement laïc, il tient au prix et à son projet et ne prend pas la décision qui pourrait tout "arranger" : se désister. On comprend son point de vue, mais au fil du roman et des répercussions toujours plus folles et plus violentes, il se transforme en un personnage de plus en plus opaque. Le final est très troublant, finir un tel roman était une gageure, réussie par Amy Waldman, journaliste s'essayant à la fiction avec un réel talent.
IsaH
Un roman américain, d’une romancière que j’apprécie, Jodi Picoult, des chapitres alternant deux points de vue sur l’histoire, tout pour me plaire ! Mais difficile d’en parler sans spoiler l’intrigue, et je ne souhaite pas dévoiler la révélation faite au milieu du roman (rien que de dire ça, c’est déjà trop!). Une jeune fille, Lily, est retrouvée gisant au pied de son escalier par son petit ami, Asher. Il est assez vite soupçonné, et le roman adopte en parallèle le point de vue d’Olivia, la mère d’Asher, qui raconte les suites policières et judiciaires de l’affaire, et celui de Lily, qui relate les mois précédant sa mort et sa relation avec le jeune homme. Une construction habile qui fait du récit un « page turner ». Asher a-t-il tué Lily ? Le suspense est très bien tenu, le doute envahit même sa mère, victime de maltraitances conjugales et qui cherche (trouve) en son fils des indices qui le rapprocheraient de son père sur ce point. Et puis il aurait un mobile, don...
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