Accéder au contenu principal

Le cas Sneijder de Jean-Paul DUBOIS

On peut le dire, Paul, le héros de ce livre est en chute libre : au sens propre du terme au début du livre comme au sens figuré à la fin des 218 pages.
A la suite d’un accident dramatique d’ascenseur qui l’a plongé dans le coma, Paul, endeuillé, se refuse à reprendre une vie que déjà, il poursuivait à contrecoeur. Ses repères troublés et quelques crises d’angoisse le poussent à trouver un nouveau travail à l’extérieur, à l’air libre sur la terre ferme, loin de cette verticalité que nous impose le monde moderne. Il devient alors Dog Walker, promeneur de chiens et a soudain l’impression que les canins le comprennent mieux que sa propre famille. Cela nous vaut quelques passages savoureux et très drôles.
Il continue néanmoins à s’interroger sur le drame qu’il a vécu, en compulsant la nuit, des documents sur le fonctionnement des ascenseurs réputés pourtant comme le moyen de transport le plus fiable du monde. Et il apprend beaucoup sur l’espace personnel, sur la vitesse et même sur les boutons qui ne servent qu’à rassurer…..Comprendre enfin pour effacer les images qui le hantent, de ce moment qui lui a enlevé sa fille.
Cette nouvelle attitude, bien sûr, ne plaît pas du tout à sa femme et à ses deux clones de fils qui se chargeront de lui faire comprendre à leur manière et « pour son bien » qu’il est temps de changer.
Autour de lui gravite une ronde de personnages fantasques qui n’ont rien à lui envier en matière d’originalité, un accro des nombres palindromiques, un autre des jardins japonais. Comme toujours chez Jean-Paul Dubois on colle au plus près des émotions du héros grâce à une écriture inventive déjà admirée dans ces précédents romans.
Ce n’est pas sans tristesse qu’on l’abandonne à la fin du livre « seul et la face tournée vers le mur » pour ne plus voir ceux qui ne l’ont jamais compris.

En refermant cet ouvrage il n’est pas dit que votre vision des ascenseurs ne sera pas légèrement modifiée. Pour ma part, c’est loin de m’avoir réconcilié avec eux !!
Ann

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Quichotte" de Salman Rushdie

Toute ma vie de lectrice, j’étais passée à côté de Salman Rushdie, son œuvre m’était comme masquée par le « bruit » de l’ignoble fatwa, et la dimension magique de la plupart de ses récits (ce n’est pas ma tasse de thé) ne m’encourageait pas à le lire. J’en suis venue à l’aborder quand, installé aux Etats-Unis, il a situé ses romans dans ce pays. Intriguée par le résumé de la Maison Golden qui, fidèle à la réputation de Rushdie, semblait foisonnant et plein de références, mais dont les enjeux narratifs étaient clairs et qui a la grande qualité de se dérouler à New York, je l’ai lu avec passion. Et logiquement, j’ai regardé de près la quatrième de couverture de Quichotte, paru à l'automne 2020 : la promesse d’un road trip à travers les USA, un vieil indien (d’Inde bien sûr) amoureux d’une star de la téléréalité... Bref, j’ai plongé dans ce mastodonte (private joke pour ceux qui l’ont lu) de 430 pages. Et mon esprit cartésien n’a pas résisté à la fantaisie pleine de sens du récit...

"Tout le monde aime Jeanne" de Céline DEVAUX

Un samedi soir, je tombe par hasard à la télé sur un film qui commençait, avec Blanche Gardin, que j’aime beaucoup. Vite happée par son jeu et le dispositif scénaristique de la voix intérieure sur des images d’animation hilarantes et pleines de sens, je regarde jusqu’au bout cette histoire de dépression, de deuil et de rencontre, dont j’apprends plus tard que c’est un premier film. Chapeau… Je ne suis pas toujours fan de Laurent Lafitte, mais son duo avec Blanche Gardin fonctionne. Marthe Keller, la mère disparue, Nuno Lopes l'ex portugais, et Maxence Tual le frère affectueux, sans oublier les enfants, chaque acteur est parfaitement choisi et joue sa partition. Il y a bien quelques longueurs, mais aussi des images sublimes de Lisbonne, et surtout le visage changeant de Blanche/Jeanne, tour à tour beau ou ingrat, avec son regard inimitable, entre désespoir et ironie ; on retrouve, en moins trash, la Blanche qu’on connaît sur scène. A noter que c'est la réalisatrice elle-mê...

"Les Autres" d'Alice FERNEY

Une soirée en famille. Théo fête ses 20 ans, avec sa mère, son frère, sa fiancée et quelques amis. La grand-mère, centenaire et très malade, est dans son lit, quelque part dans la maison. Le père ne fait que passer. Niels offre à son frère Théo un jeu "Personnages et caractères". Une sorte de jeu de la vérité : on tire des cartes avec des questions plus ou moins personnelles, qu’on choisit de poser à tel ou tel participant. Evidemment la partie de plaisir devient un jeu de massacre, et les secrets, rancoeurs et tensions se révèlent au grand jour. Ultra classique, me direz-vous. L’originalité du roman est ailleurs, dans sa forme. On commence avec une suite de courts monologues intérieurs des différents protagonistes, qui nous dévoilent peu à peu l’intrigue, indirectement ("Choses pensées"). Les caractères de chacun sont plantés, et le fil de la soirée, avec tous ses rebondissements, est dévoilé entièrement à la fin de cette partie. On apprend ainsi très vite, que Mar...