Accéder au contenu principal

"Les monstres de Templeton" de Lauren GROFF


Premier roman d'une jeune américaine, Les Monstres de Templeton est la chronique sur 200 ans d'une petite ville de l'Etat de New York, Templeton.
L'héroïne, Willie, revient dans sa ville natale en proie à un profond désarrroi : elle est enceinte de son directeur de thèse (elle est étudiante en archéologie) et vient chercher du réconfort auprès de sa mère, Vivienne. Celle-ci est une ancienne hippie fraîchement convertie à l'église baptiste. Elles sont les deux dernières descendantes du fondateur de la ville et ont de ce fait un statut un peu particulier à Templeton, tout le monde les connaît.

Vivienne accueille sa fille avec une révélation coup de poing. Non Willie n'est pas née de ses amours libres lorsqu'elle vivait à San Francisco, en fait son père vit à Templeton. Vivienne ne révèle pas à Willie l'identité de son géniteur, elle lui donne juste un indice : comme elles deux, cet homme descend lui aussi du fondateur de la ville. Willie va se lancer dans une enquête sur l'histoire de sa famille. Remontant avec application tout l'arbre généalogique, retrouvant lettres secrètes, fouillant journaux et gazettes, interviewant des érudits locaux (dont une vieille bibliothécaires pas piquée des hannetons...), Willie va retrouver la trace de son père...

Tout au long de l'enquête, l'auteur va convoquer les voix des personnages aux différentes époques, et c'est là tout l'intérêt du roman. Un véritable tour de force, qui parfois donne le tournis, car on remonte jusqu'au XVIIIème siècle : Marmaduke Temple, le fondateur, sa nombreuse descendance, légitime et illégitime, mais aussi indiens, esclaves... on plonge avec bonheur dans l'histoire de la petite ville, qui est en fait l'histoire de toute l'Amérique. Ajoutez à cela un soupçon de fantastique, très léger, avec ce monstre légendaire du lac de Templeton, qui remonte mort à la surface, le jour du retour de Willie. Symbole des secrets qui vont se révéler à l'héroïne...

Un conseil, lisez ce livre sans trop d'interruptions, car vous risqueriez de vous perdre dans les méandres d'une histoire familiale compliquée. Et ce serait dommage...

Isa
Trop beau, trop dense, trop magnifique, trop prenant, trop fort ! Mon enthousiasme est débordant. Comment ça, un premier roman ?! Il y a des gens qui atteignent la perfection, comme ça, du premier coup, avec une (apparente ?) facilité déconcertante, et qui se promènent en littérature comme moi je me balade au parc, le nez en l'air et les mains dans lespoches ... J'en suis rêveuse... Une auteur est née. Un roman a surgi. Roman à tiroirs -et à tiroirs secrets - où, cachée sous le papier journal qui recouvre le fonds des tiroirs, git une merveilleuse histoire, un conte fabuleux, une fable qui fait écarquiller les yeux et rester bouche bée : même que j'hésite à le rendre à la médiathèque ! "Ce qui a dévoré nos coeurs" de Louise Erdrich avait suscité chez moi le même enthousiasme, et je l'ai prêté à tour de bras pour partager ce bonheur. Il ne me reste plus qu'à acheter le livre de Lauren Groff pour faire de même : il y a d'ailleurs de nombreuses similitudes entre les 2 romans, une aura et une respiration similaires (et encore davantage ...) ...
Laurence

Commentaires

Anonyme a dit…
pourquoi pas:)

Posts les plus consultés de ce blog

"Les Autres" d'Alice FERNEY

Une soirée en famille. Théo fête ses 20 ans, avec sa mère, son frère, sa fiancée et quelques amis. La grand-mère, centenaire et très malade, est dans son lit, quelque part dans la maison. Le père ne fait que passer. Niels offre à son frère Théo un jeu "Personnages et caractères". Une sorte de jeu de la vérité : on tire des cartes avec des questions plus ou moins personnelles, qu’on choisit de poser à tel ou tel participant. Evidemment la partie de plaisir devient un jeu de massacre, et les secrets, rancoeurs et tensions se révèlent au grand jour. Ultra classique, me direz-vous. L’originalité du roman est ailleurs, dans sa forme. On commence avec une suite de courts monologues intérieurs des différents protagonistes, qui nous dévoilent peu à peu l’intrigue, indirectement ("Choses pensées"). Les caractères de chacun sont plantés, et le fil de la soirée, avec tous ses rebondissements, est dévoilé entièrement à la fin de cette partie. On apprend ainsi très vite, que Mar...

"Les chaussures italiennes" d'Henning Mankell

Le dernier ouvrage d’Henning Mankell « Les chaussures italiennes » n’est pas un roman policier. Vous n’y trouverez donc pas Kurt Wallander mais toujours la Suède en beauté bien présente avec son climat qui flirte avec le zéro et les températures négatives, ses ilôts perdus semblent-ils. Il nous raconte l’univers d’un chirurgien brisé par une faute professionnelle, qui s’est exilé depuis 10 ans sur une île, dans le froid, dans la glace, avec comme seul contact humain le facteur, hypocondriaque jusqu’à la pointe des cheveux. Sa non-vie volontaire rythmée par des immersions quotidiennes dans l’eau glacée, sera chahutée par l’irruption d’une femme issue de son passé. Elle aussi en marge de sa propre vie, s’obstinera à le questionner, à le pousser malgré lui à revenir à une autre forme de vie, aux autres et le sortira littéralement de son trou de glace. Les personnages forts, rudes comme le climat, nous offrent une belle réflexion sur la famille, le sens de la vie et l’approche de la mort. ...

"La constante de Hubble" de Stéphanie JANICOT

Bon d'accord je sais : je hante plus les bibliothèques municipales que les derniers salons littéraires et du coup le livre dont j'ai envie de vous parler est déjà une « vieillerie » de 2004 qui vient juste de s'imposer à moi ; vous savez quand on cherche dans les rayonnages à découvrir un nouvel auteur et que par hasard un titre ou une couverture vous attire. « Attire » est le bon mot quand on s'attaque à La constante de Hubble de Stéphanie Janicot (facile comme transition....) Il y est question d'attraction entre les corps et entre les galaxies ; audacieux parallèle qui se défend. Alors si vos cours de Sciences physiques du lycée ne vous ont laissé qu'un souvenir embrumé de forces et de gravité un peu rébarbatif, vous profiterez de ce livre pour rafraichir votre socle de connaissances scientifiques de manière plus « humanisante », plus vivante. Si au contraire vous êtes branchés Hubert Reeves et que les poussières d'étoiles et autre Big Bang n'ont aucun...