Accéder au contenu principal

"Blue Jasmine" de Woody ALLEN

Le retour cinématographique de W. Allen aux States signerait son retour aux affaires, affirment les critiques à propos de "Blue Jasmine". Si je ne partage pas leur tiédeur sur les films européens de notre new yorkais préféré, je tiens moi aussi "Blue Jasmine" pour un de ses meilleurs films de la décennie écoulée *.

Les rares qui n'ont pas aimé le film disent qu'on se fiche de ce qui arrive à cette femme riche et qu'elle a bien cherché son infortune. Au début, c'est vrai, même si la performance de Cate Blanchett déjoue la caricature. Mais c'est sans compter sur ce vieux briscard du scénario qu'est Woody Allen, et sa manière si personnelle et subtile d'introduire, l'air de rien, des éléments de drame dans cette apparente comédie des contraires (NY versus SF, Riches snobs contre Beaufs fauchés...). Il y a cette scène, à la fois hilarante et glaçante, où Jasmine révèle dans un café à ses deux petits neveux, ébahis, ce qu'elle a subi en hôpital psychiatrique, ou la manière dont on apprend le sort de son ex-mari, sans oublier bien sûr l'énorme révélation qui remet tout le film en perspective...

La fin est sombre, Jasmine ne s'en sort pas, réitérant ses erreurs du passé : paraître plutôt qu'être, remettre son destin dans les mains d'un homme riche plutôt que d'essayer de s'en sortir par elle-même. Moraliste et féministe, Woody dresse un magnifique et poignant portrait de femme vaincue et au bord de la folie. Jasmine, victime et coupable, a subi des souffrances psychiques à bien des égards exceptionnelles ; qu'elle soit riche, snob et désagréable ne doit pas la priver de notre empathie.

IsaH 

* mon palmarès Allenien  de la décennie (dans l'ordre): ex aequo  Blue Jasmine et  Match point, Whatever works, Vicky Christina Barcelona, Scoop. Quel est le vôtre ? ( pour mémoire il y a eu aussi : Melinda et Melinda, Le rêve de Cassandre (c'est mon 6è), Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, Minuit à Paris, To Rome with love)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Les Autres" d'Alice FERNEY

Une soirée en famille. Théo fête ses 20 ans, avec sa mère, son frère, sa fiancée et quelques amis. La grand-mère, centenaire et très malade, est dans son lit, quelque part dans la maison. Le père ne fait que passer. Niels offre à son frère Théo un jeu "Personnages et caractères". Une sorte de jeu de la vérité : on tire des cartes avec des questions plus ou moins personnelles, qu’on choisit de poser à tel ou tel participant. Evidemment la partie de plaisir devient un jeu de massacre, et les secrets, rancoeurs et tensions se révèlent au grand jour. Ultra classique, me direz-vous. L’originalité du roman est ailleurs, dans sa forme. On commence avec une suite de courts monologues intérieurs des différents protagonistes, qui nous dévoilent peu à peu l’intrigue, indirectement ("Choses pensées"). Les caractères de chacun sont plantés, et le fil de la soirée, avec tous ses rebondissements, est dévoilé entièrement à la fin de cette partie. On apprend ainsi très vite, que Mar...

"Les chaussures italiennes" d'Henning Mankell

Le dernier ouvrage d’Henning Mankell « Les chaussures italiennes » n’est pas un roman policier. Vous n’y trouverez donc pas Kurt Wallander mais toujours la Suède en beauté bien présente avec son climat qui flirte avec le zéro et les températures négatives, ses ilôts perdus semblent-ils. Il nous raconte l’univers d’un chirurgien brisé par une faute professionnelle, qui s’est exilé depuis 10 ans sur une île, dans le froid, dans la glace, avec comme seul contact humain le facteur, hypocondriaque jusqu’à la pointe des cheveux. Sa non-vie volontaire rythmée par des immersions quotidiennes dans l’eau glacée, sera chahutée par l’irruption d’une femme issue de son passé. Elle aussi en marge de sa propre vie, s’obstinera à le questionner, à le pousser malgré lui à revenir à une autre forme de vie, aux autres et le sortira littéralement de son trou de glace. Les personnages forts, rudes comme le climat, nous offrent une belle réflexion sur la famille, le sens de la vie et l’approche de la mort. ...

"La constante de Hubble" de Stéphanie JANICOT

Bon d'accord je sais : je hante plus les bibliothèques municipales que les derniers salons littéraires et du coup le livre dont j'ai envie de vous parler est déjà une « vieillerie » de 2004 qui vient juste de s'imposer à moi ; vous savez quand on cherche dans les rayonnages à découvrir un nouvel auteur et que par hasard un titre ou une couverture vous attire. « Attire » est le bon mot quand on s'attaque à La constante de Hubble de Stéphanie Janicot (facile comme transition....) Il y est question d'attraction entre les corps et entre les galaxies ; audacieux parallèle qui se défend. Alors si vos cours de Sciences physiques du lycée ne vous ont laissé qu'un souvenir embrumé de forces et de gravité un peu rébarbatif, vous profiterez de ce livre pour rafraichir votre socle de connaissances scientifiques de manière plus « humanisante », plus vivante. Si au contraire vous êtes branchés Hubert Reeves et que les poussières d'étoiles et autre Big Bang n'ont aucun...