19 janvier 2013

"Django unchained" de Quentin TARANTINO

Après l'horreur nazie, Q.T. s'attaque à l'esclavage et son cortège d'abominations. Christoph Waltz n'est plus le commandant glaçant d'"Inglorious bastards" mais il est toujours allemand. Avec son personnage de chasseur de primes improbable mais efficace, il incarne cette fois le "juste" du film, celui qui gardera toujours une part d'humanité... En échange de sa liberté, Schultz enrôle l'esclave Django (superbe Jamie Foxx) pour rechercher trois frères dont la tête est mise à prix. Django confie alors à Schultz qu'il voudrait retrouver sa femme, dont il a été séparé lorsqu'elle a été vendue à un propriétaire de plantation du Mississippi. Touché, Schultz lui propose son aide... Le film déploie leur quête pour retrouver Broomhilda sur 3 heures, sans une seconde d'ennui, à part peut-être la dernière demi-heure où Q.T. se laisse aller à son péché mignon mais un brin lassant : une interminable scène de fusillade avec moult jaillissements de sang...
Auparavant on aura croisé Leonardo DiCaprio (Calvin Candie), le propriétaire de plantation qui a acheté Broomhilda, un personnage inquiétant et pervers qui prouve, si besoin était, toute l'étendue du jeu de l'acteur. Mais aussi Samuel L. Jackson, méconnaissable en "Uncle Bens" entièrement conquis à la cause de son maître,  grain de sable qui va enrayer le projet des deux héros. En effet Schultz, pour approcher Broomhilda, se fait passer pour un acheteur d'"esclaves de combat", pratique barbare qu'affectionne Candie, et gagne sa confiance pour se faire inviter chez lui avec Django, présenté comme un affranchi le conseillant dans l'achat des "combattants". Les scènes dans cette plantation montrent le "raffinement" des punitions infligées aux esclaves désobéissants (la hot box par exemple) et l'absurde légitimation de l'esclavage par l'existence d'une zone de la servilité dans le cerveau des noirs (sic)...  Lorsque DiCaprio punit sauvagement (une habitude chez lui)  l'un de ses esclaves devant Schultz et Django, il remarque le trouble de l'allemand et s'en étonne auprès de Django. Celui-ci est resté imperturbable, il sait que montrer de l'émotion risque d'éventer leur couverture de marchands d'esclaves. Mais il a cette phrase incroyablement insolente
"En fait, c'est aux américains qu'il n'est pas habitué" et qu'on ne peut guère attribuer qu'aux américains du XIXè siècle. Q.T. fait le constat que les Blancs esclavagistes ont généré une haine séculaire dont l'Amérique ne se remet pas.
Pourtant Django, grâce à Schultz, retrouve peu à peu sa dignité, il est éblouissant lorsqu'il traverse les villes sur son cheval tel un cow boy, sous le regard médusé et hostile des passants. Et s'il sacrifie son humanité à sa quête légitime, qui oserait le blâmer... La revanche des victimes de l'Histoire est le moteur de "Django unchained" comme il l'était dans "Inglorious bastards". Chacun devant son écran tranchera si Django devait aller si loin, Q.T. ne nous prend pas par la main et nous laisse nous débrouiller avec ça.
Mais le film réserve aussi des moments de grâce : la femme de Django s'appelle Broomhilda, du nom de l'héroïne d'une légende allemande, légende que Schultz, l'européen humaniste et cultivé, va raconter à l'esclave noir avec douceur. Une légende qui raconte que Siegfried traverse des épreuves pour conquérir sa belle Brunehild. Manière d'inscrire l'amour de Django et Broomhilda dans l'universel et d'affirmer que peut-être, Q.T. a enfin réalisé son premier film d'amour...
IsaH
PS : Et que dire de la BO... sublime !

Aucun commentaire: